Aimer son cheval

L’amour est un engagement, comment pourrait-il se traduire avec son cheval ?

Remettre en évidence ce qui a tendance à être trop commun

Nous sommes de plus en plus à l’admettre, il y a beaucoup à faire pour améliorer la condition équine. A commencer par des problèmes trop souvent banalisés au sujet :

  • des conditions de vie : contact social réduit, enfermement prolongé, privation de nourriture…,
  • de la santé : problèmes de pieds, boiteries (près de la moitié des chevaux sont boiteux, chiffre révélé dans une étude britannique, le pays du saddle fitting et de la chiropractie !), ulcères gastriques (50 à 90% de chevaux touchés), obésité, fourbure, coliques, carences nutritionnelles, alimentation industrielle, stress, tics…,
  • de la pratique montée : techniques et outils coercitifs (enrênement, LDR, mains qui tirent…), réglages serrés (mors, muserolle, sangle), recherche de l’appui (que ce soit en embouchure ou en ennasure) à défaut de l’équilibre, mauvaise posture (mains non fixes, pieds en canard, dos voûté, manque de tonicité musculaire…), matériel inadapté, etc.

Ces problèmes cachent en réalité, une forme de cruauté par désobligeance. Une cruauté sous-estimée, alimentée au cours des siècles par manque de connaissances, mais certainement aussi par manque d’Amour.

Cela se traduit par une prise de conscience : un propriétaire est seul responsable de son cheval, à tous les points de vue. On ne peut prétendre aimer et se contenter du minimum. L’amour est engagement maximal et durable.

Un engagement culturel

L’ignorance est un mal pour le cheval, car elle conduit à la maltraitance involontaire.
Il est donc de notre ressort de développer une large culture équestre afin d’entretenir une vision holistique du cheval, et d’être en mesure de lui apporter, en toute connaissance de cause, ce dont il a besoin. En n’oubliant évidemment pas d’user de son sens critique.

Un engagement à choisir un compagnon qui nous correspond

On choisit d’avoir un cheval, parce qu’on en a l’expérience et les capacités. On le choisit donc en fonction de son niveau et de ses objectifs. Un cavalier voulant se faire plaisir choisira donc un cheval bien conformé, bien équilibré voire déjà bien dressé. Il aura toutefois le niveau requis pour l’employer correctement.

En d’autres termes, si nous n’avons pas le niveau, ni les moyens, il faut éviter les chevaux mal conformés ou physiquement cassés, même à des prix attractifs, nous ne leurs rendrons pas service.
Ils ont besoin de mains expertes qui sauront prendre en charge leur rééducation.

Plus important encore, si nous décidons de confier notre cheval à un professionnel, assurons-nous d’avoir le niveau requis à sa sortie afin de ne pas le compromettre de nouveau.

Enfin, si le cheval est bon, c’est aussi parce qu’il a été bien sélectionné : l’élevage est un vrai métier, reconnaissons le travail des bons éleveurs qui s’évertuent à produire des chevaux sains, physiquement et mentalement.
Ne rognons sur la qualité, délaissons les élevages peu sérieux et ne leurs permettons pas de prospérer grâce à notre argent.

Un engagement financier

Au vu de l’incapacité grandissante de certains propriétaires à assumer pleinement leur cheval, il est bon de rappeler qu’un cheval est un vrai poids financier, quel que soit son âge.

Or, en tant que propriétaires ou futurs propriétaires, nous sommes responsables du confort de vie et de la santé de notre cheval : si nous n’avons pas les moyens de subvenir à ses besoins, nous avons un problème.

Les frais liés à ses besoins comprennent le prix mensuel d’une pension (ou des charges à domicile) ainsi que :

  • les soins courants : vaccins, coproscopies, parage, vermifuge/cide, dentiste, ostéopathe…
  • l’achat et l’entretien d’un matériel adapté et de qualité,
  • l’assurance ou une épargne dédiée en cas de besoin,
  • l’encadrement par un enseignant ou un éducateur.

Un engagement équestre

Nous l’avons plusieurs fois abordé : une équitation juste s’obtient dans l’équilibre, l’impulsion et la légèreté.
Or, très peu de chevaux présentent un équilibre correct en selle, la majorité évoluent sur un équilibre avant, sur les épaules. Une configuration qui est source de problèmes et que l’on a trop tendance à vouloir corriger avec des solutions pseudo-magiques, peu chères et à moindre effort :

  • un cheval qui lève la tête, qui creuse le dos ou qui a besoin de se muscler = un enrênement,
  • un cheval qui embarque = une embouchure sévère et une muserolle serrée,
  • un problème de position = des taquets encadrants,
  • un problème de mains = des rênes élastiques.

Il existe une solution pour chacun de ces problèmes (et tous les autres), toutefois cela engage de profondes mutations dans notre manière d’envisager et de sentir l’équitation. Mais c’est aussi ça, aimer : savoir reconnaître ses faiblesses et avoir le courage de les résoudre quitte à tout remettre en cause. Car lorsqu’on a ce savoir-faire, on sait se passer d’enrênement, on sait adopter une bonne posture, muscler son cheval, mais surtout : on sait atteindre l’équilibre et l’harmonie.
Tous ces problèmes auxquels vous aviez été confronté deviennent alors complètement futiles.

Il ne faut pas oublier que l’Equitation Classique est une équitation construite pour et vers le cheval, dans sa vision globale et durable. Sa finalité est de l’entretenir et de le conserver dans le temps, elle est un gage de longévité.

A ce stade, il est utile de préciser que si vous souhaitez entamer une profonde remise en question, il est important de vous faire encadrer, ne prenez pas votre cheval pour un rat de laboratoire en vue de tester vos balbutiements équestres.

Un engagement… jusqu’à la fin

A la suite de sa carrière, d’un accident ou en raison de son âge avancé, le cheval est mis à la retraite. La retraite n’est pas un abandon ! C’est une autre étape de la vie où le cheval a toujours besoin de l’attention de son propriétaire.

On pense souvent, à tort, que la retraite est une étape facile, ce qui n’est pas le cas pour certains chevaux, confrontés à des changements assez importants :

  • une nouvelle vie sociale : pour les chevaux de sport, sujets à une vie isolée au box (une réalité que l’on ne souhaite pourtant à aucun cheval), se réapproprier un comportement social et une vie en groupe n’est pas une étape facile,
  • une vie dehors : pour les chevaux habitués à être couvés, il faudra être préparés à affronter les éléments sans stress,
  • une transition alimentaire : les chevaux âgés ayant un système digestif plus fragile, la transition alimentaire nécessite un suivi adapté et doit être faite en douceur. Mais il est surtout très important de conserver l’équilibre alimentaire, car si l’on constate souvent un amaigrissement lors de la mise au repos, c’est bien souvent un signe de carences.

N’oublions surtout pas qu’un cheval, même âgé, a besoin d’une activité physique, adaptée et régulière, et ce, afin de conserver son état physique et mental, car encore une fois la retraite n’est pas un abandon.
Parce que leur organisme vieillit et qu’ils sont plus exposés aux maladies (cushing, colique…), les vieux chevaux ont besoin d’une attention particulière.

Malgré cela, leurs besoins ne sont pas différents d’un cheval adulte, leur âge n’est pas un prétexte aux économies. Et puis surtout : aimer son cheval, c’est l’assumer jusqu’à la fin.