Ce que les études nous disent sur la muserolle serrée

Article mis à jour le 30 mai 2021

En pratique, une muserolle est à la fois un objet de décoration et un outil éducatif qui permet de limiter l’ouverture de la bouche chez certains jeunes chevaux en apprentissage.
L’utilisation que l’on en fait majoritairement de nos jours, est une dérive, car elle est utilisée pour museler la mâchoire du cheval au détriment du bien-être.

La muserolle : une utilisation détournée

Une étude irlandaise a même montré que 93% des chevaux de compétitions (échantillon de 750 chevaux / 3 pays) étaient montés avec une muserolle serrée. Pour 44% d’entre eux, la jauge de l’ISES ne pouvait même pas être insérée.

D’un point de vue mécanique, une bouche immobilisée et contractée (versus une bouche mobile) a des conséquences directes sur la santé physique et mentale.
Tout comme les humains qui ont mal au dos parce qu’ils serrent les dents toute la journée, la muserolle serrée peut engendrer des crispations, des contractures, des douleurs, des blocages récurrents, etc.

La muserolle pull-back (ou crank noseband) est une source de stress

Une étude australienne révèle que les chevaux équipés d’une muserolle pull-back ont un niveau de stress accru.
Pour cette étude, les chercheurs ont sélectionné 12 chevaux, aucun ne connaissait la bride, ni la muserolle pull-back. Une fois équipés, leur comportement a ensuite été observé en deux temps : une phase durant laquelle la muserolle était débouclée, et une seconde avec différents types de réglages (un espace de deux doigts, puis un seul, puis aucun espace).

Les chercheurs ont suivi la variabilité cardiaque, la fréquence cardiaque et les variations de la température de l’œil (indication du stress chez les animaux, mesures réalisées par thermographie).

Durant les phases où les réglages étaient les plus serrés, le rythme cardiaque des chevaux a augmenté, la variabilité du rythme cardiaque a diminué et la température de l’œil a grimpé.

Durant la phase de récupération où la bride a été retirée, la fréquence des bâillements, des léchages et des déglutitions a augmenté. Tandis que la muserolle serrée a réduit la fréquence de ces comportements (NLDR : c’est pourquoi on voit des chevaux couverts de bave, dans l’incapacité de déglutir).

Avec un cavalier et une tension sur la bride, l’impact sur les chevaux serait encore plus marqué. Par ailleurs, les chercheurs mettent en garde sur l’utilisation de la muserolle pull-back qui serait non seulement source de stress, mais peut également altérer la circulation sanguine et causer des dégâts sur les nerfs et les os.

Enfin, les scientifiques ont reconnu que les chevaux répondaient non seulement à la muserolle, mais aussi aux deux embouchures, ce qui expliquerait pourquoi cette combinaison a réduit la déglutition par deux. Les prochaines recherches pourront donc évaluer l’impact de la muserolle pull back et d’une embouchure simple.

La muserolle peut déformer l’os nasal et la mâchoire

Une autre étude australienne a montré que l’utilisation de la muserolle peut déformer le nez.
Sur les 150 chevaux observés, 37% avaient au moins une lésion de l’os nasale et 14% avaient au moins au lésion de la mandibule inférieure.

Le flash noseband gêne la respiration

Le flash noseband vient compléter l’action de la muserolle. Il se place autour sur les parties cartilagineuses du nez.

Problème, quand il est serré sur le cheval au repos, il gênera ensuite le cheval pendant l’effort, car il empêchera l’ouverture correcte des naseaux qui se dilatent pendant l’effort.

Passer 2 doigts, ça suffit ?

Concernant le réglage, des chercheurs australiens et irlandais ont mesuré la pression qu’exerce une muserolle réglée selon les recommandations de l’ISES (l’équivalent du passage de deux doigts), et les résultats montrent que ce réglage continue d’exercer des pressions.

Si l’on a besoin d’utiliser une muserolle, il est donc préférable de choisir une muserolle française et de la régler lâche.

A haut niveau sans muserolle serrée

Si la muserolle est utilisée comme un outil de contrainte, c’est qu’il y a un problème et cela prouve qu’il y a un manque technique. A haut niveau, il est tout à fait possible de monter avec une muserolle non serrée ou sans muserolle du tout :

  • en course et en endurance : bon nombre de chevaux de ces chevaux sont montés sans muserolle,
  • en dressage : Isa Danne,
  • en CSO et à haut niveau : Andy Candin, Luca Maria Moneta.
Dans les courses, de nombreux chevaux courent sans muserolle. Remarquez aussi la simplicité de l’embouchure. Dans cette discipline, on recherche l’appui, ou tout du moins le contact, ce qui est différent de l’équitation classique, mais bizarrement ils n’ont pas de soucis à le faire sans muserolle. A méditer ? Ils ne sont pas gêner malgré tout par l’idée qu’à certains moments leurs chevaux pourraient ouvrir la bouche et peut être que pour des raisons liées a l’effort cardio intense, ils ne veulent pas risquer d’entraver la respiration de leurs chevaux.