Ce que les études nous disent sur l’inconfort et la douleur chez le cheval

Article mis à jour le 31 mai 2021.

Un éthogramme pour reconnaître les signes d’inconfort

Des chercheurs américains ont regroupé un éthogramme de plus de 70 comportements et postures pouvant être liés à de l’inconfort.

En plus des 70 dessins, les chercheurs ont également réalisés plusieurs courtes vidéos disponibles en ligne et gratuitement.

Évaluer la douleur en lisant les expressions faciales

Une étude européenne a montré que le cheval grimace lorsqu’il a mal.
En basant leurs observations sur des chevaux venant de subir une castration, les chercheurs ont construit un outil de notation permettant d’évaluer la douleur postopératoire en se référant aux expressions faciales des chevaux observés.

L’échelle de notation (HGS) comprend 7 points d’évaluation :

  1. oreilles vers l’arrière,
  2. resserrement orbital,
  3. tension au-dessus de la zone des yeux,
  4. muscles des mâchoires tendues,
  5. bouche et menton tendus,
  6. narines tendues,
  7. profil vertical.
Évaluation de la douleur.
Évaluation de la douleur.

L’évaluateur note ensuite ses observations sur une échelle de notation allant de 0 à 2 (0 = pas présent, 1 = moyennement présent, 2 = évidemment présent). La précision globale de l’échelle a été évaluée à 73,3%. A l’avenir, ce système de notation permettra de mieux la cibler et de mieux la soulager.

Un cheval qui gratte le sol : un signe de d’inconfort voire de douleur

Un cheval qui gratte le sol ne le fait pas par ennui, mais plutôt pour soulager une douleur.

Une étude américaine a étudié 41 chevaux de selle et a observé que les chevaux ont tendance à gratter le sol quatre heures après le travail. Beaucoup essayaient également de caler leurs postérieurs dans le trou précédemment creusé, cherchant à abaisser leur arrière-main afin de soulager leurs antérieurs.
Et fait intéressant qui corrobore ce résultats, car ils affichaient moins ce comportement lorsqu’ils étaient de repos le dimanche après-midi.

Les chevaux sont plus sensibles à la douleur qu’on ne le pense

Le Dr Lydia Tong est une vétérinaire légiste, qui, avec l’équipe d’ABC (chaîne de télévision), a tenté de savoir s’il y avait des explications anatomiques au fait que les chevaux semblent moins sensibles à la douleur que nous. Une étude à mettre en lien avec celle menée sur l’utilisation de la cravache lors des parcours de saut d’obstacles et l’aggravation du risque de faute.
Voici le rapport du Dr Lydia Tong, membre du Department of Primary Industries basé au Pays de Galle.

« Les grands animaux comme les chevaux sont communément décrits comme des animaux à « peau épaisse », et la peau épaisse est associée au stoïcisme et à l’insensibilité. Cette hypothèse est-elle est fondée pour les chevaux ? Quelqu’un a-t-il fait préalablement une recherche scientifique à ce sujet ?

Il apparaît que nous avons quelques informations sur l’épaisseur de la peau du cheval, mais pour autant, personne n’a jamais étudié plus spécifiquement ses fibres de détection de la douleur.

Nous avons voulu voir si l’épaisseur et les nerfs de la peau du cheval étaient vraiment si différents de ceux de l’Homme.
Pour ce faire, j’ai pris un morceau de peau de cheval de la zone du flanc (zone habituellement cravachée), ainsi qu’un morceau de peau de la zone équivalente sur un humain.
En utilisant les techniques habituelles et des techniques spéciales, j’ai pu examiner à la fois la structure de la peau, mais aussi l’emplacement précis et la quantité de tissus nerveux.
Personne n’a jamais utilisé cette technique avec la peau du cheval, et personne ne l’a comparée avec une autre jusqu’à maintenant, et de cette façon.

J’ai étudié la peau pour répondre à deux questions :

  • Quelle est différence entre la peau du cheval et celle de l’Homme ?
  • Combien le cheval a-t-il de nerfs en comparaison avec l’Homme ?

L’examen des deux peaux au microscope a révélé des choses surprenantes :

  • la peau du cheval est plus épaisse, mais de moins de 1 millimètre. Cette différence se situe sur la profondeur du tissu collagène (où l’on trouve les fibres de la douleur superficielle),
  • l’épiderme des chevaux est plus mince que l’épiderme humain. Cela signifie que le cheval a moins de cellules entre la source de la douleur et les terminaisons nerveuses sensibles,
  • une couleur spéciale qui ne colore que les tissus nerveux révèle que le cheval semble avoir beaucoup plus de terminaisons nerveuses que dans la peau humaine, y compris les nerfs de l’épiderme, où la sensation de douleur se produit principalement.

Sous cet angle, vous pourriez donc soutenir le fait que, quand il s’agit de douleur, la peau du cheval est plus mince.
Il y a plus de terminaisons nerveuses dans la peau de cheval que dans la peau humaine, y compris dans l’épiderme (la couche sur le dessus avec tous les cercles bleus). Ces terminaisons représentent les fibres sensorielles, y compris celles qui ressentent de la douleur.
L’équipe a été stupéfaite par ces simples conclusions.

Cette petite étude pilote suggère que la peau du cheval n’est vraiment pas « rembourrée » à la douleur, chose communément admise pour tous les grand animaux. Et, plus révélateur que cela encore , la peau du flanc – où l’on fouette les chevaux – peut avoir encore plus de sensations que la nôtre.

Pour continuer à étudier plus profondément les différences entre l’épaisseur et la sensation de la peau équine et humaine, nous devons nous pencher sur la peau de plus de gens et de chevaux. C’est la raison pour laquelle je vais étendre mon travail à un projet de grande envergure. Je crois que la meilleure façon d’affirmer quelque chose à propos de la cravache est d’établir des faits grâce à la science. Utilisons-nous la douleur pour faire courir les chevaux plus vite ?
Jusqu’à présent, il semblerait que ce soit le cas. »

peau 1

Figure 1. Un morceau de peau cheval et de l’autre, un morceau de peau humaine, l’image montre la comparaison de profondeur entre les deux peaux. La zone rose montre le collagène (derme), et de la mince zone violette est l’épiderme, où la plupart des fibres nerveuses se trouvent.

peau 2

Figure 2. C’est un gros plan de la couche supérieure de la peau (épiderme) où les fibres nerveuses détectent la douleur. L’épiderme humain est plus épais que l’épiderme du cheval, et il y a plus de cellules situées au-dessus des terminaisons nerveuses.

peau

Figure 3. Une technique de coloration spéciale appelée « immunohistochimie » nous permet de colorer uniquement les terminaisons nerveuses, ici elles ont été teintées d’un rouge vif.

SOURCE : Using science to answer the question: Does Whipping Hurt Horses?

Les boiteries peuvent être détectées par la lectures des expressions faciales

En continuité de leur étude sur le sujet (première étude de l’article), les chercheurs anglais ont montré que les boiteries peuvent elles aussi être décelées à travers les expressions faciales.

Ces signes inclus des oreilles en arrière, un nez tordu, défenses contre le mors, yeux partiellement ou totalement fermés, signes de tension autour des yeux, regard fixe et intense, et une bouche ouverte.