La salivation est-elle un indicateur de décontraction ?

Cet article a été rédigé avec Isa Danne, enseignante en Équitation Classique et cavalière professionnelle.

On lit souvent que la salivation est un signe de décontraction, d’un travail bien effectué… et pourtant, bien des cavaliers s’interrogent sur cette fameuse salivation. Ces cavaliers ont raison d’être perplexes, car la salive peut être aussi bien un signe de décontraction, que de contraction extrême.
Lors d’une contraction extrême, la salive ressemble littéralement à de la mousse blanche dégoulinante et très baveuse. Cette contraction provient principalement d’un réglage excessif de la muserolle qui empêche le cheval de déglutir. Cette gêne évidente n’est pas sanctionnée, et si elle est fréquente dans le dressage moderne, elle n’exclue pas les autres disciplines.

Autre exemple de crispation.
Autre exemple de crispation.

Concernant la décontraction, la salive est-elle un indicateur fiable ? Pas vraiment… Il existe d’autres indicateurs plus convainquants pour juger de la qualité d’un travail, car ce n’est pas de la salive qu’il faut se fier, mais plutôt de la décontraction générale de la bouche.

Que le cheval salive ou non, ce qu’il faut regarder avant tout, c’est la mobilité des mâchoires et de la langue. Précisons que cette mobilité ne se réduit pas à une simple succion ou un simple machouillement comme on peut parfois le lire (des termes nés de la monte en muserolle serrée), mais à un réel mouvement d’ouverture et de fermeture des mâchoires du cheval.
Cette mobilité de la mâchoire est liée principalement à la qualité de l’équilibre et de l’impulsion, on doit constater visuellement que le cheval n’est pas appuyé sur des rênes tendues en continu. N’oublions pas que la plupart des cavaliers qui serrent les muserolles auraient, si on les enlevait, des chevaux appuyés, bouche ouverte, sur le mors.

Pour les cavaliers qui prônent une véritable recherche de l’équilibre dans l’impulsion (vision classique), voire recherchent de l’équilibre puis de l’impulsion (vision Bauchériste), on constaterait, une bouche qui s’ouvrirait et se fermerait de manière régulière sur des rênes semi-tendues voire détendues.
C’est pourquoi, inciter le cheval à saliver artificiellement par le biais d’embouchures fabriquées à partir de métaux ou de goûts spéciaux (des mors au goût de pomme, trempés du miel, etc.) ou encore, aux structures particulières (jouets, rouleaux, etc.) – sauf si ces outils incitent le cheval à mobiliser sa bouche – est une « fausse bonne idée ».

En conséquence, cette histoire de salive qui préoccupait tant les esprits, n’a au final, pas de réelle importance… ce n’est pas elle qui révélera la qualité du travail. La réponse est dans l’ensemble, et non dans le détail séparé de tout le reste. Ne coupons pas nos chevaux en petits bouts, mais ayons une vision plus globale de leur fonctionnement.