Étude: les signes de mal-être sont sous-évalués

Les chercheurs français de l’Université de Rennes ont montré des résultats inquiétants : beaucoup de gens ne repèrent pas les signes de mal-être, ou pire, ils pourraient même penser que ces signes sont normaux.

Cette étude a porté sur 373 chevaux de sexes divers (212 hongres, 159 juments et 2 étalons), l’âge [3-34 ans et races (n = 24, ONC : 35%, Selle-Français : 26%, Poney de Français de Selle : 15,5%, et de plus petites proportions d’Anglo-Arabes, Connemara, Mérens, et New-Forest) dans 26 écoles d’équitation dans toute la France (14,3 à 1,5 chevaux par école).

Les chevaux étaient logés pour la plupart dans des boxes (93,8%), dans des enclos individuels (4,3%), ou en groupe (1,9%). La plupart d’entre eux ont été nourris aux granulés (93%), une à trois fois par jour, tandis que d’autres (n = 13,7%) ne recevaient aucun concentré.

La plupart (89%) d’entre eux avaient également du foin distribué une à cinq fois par jour. Quelques centres ne pouvaient fournir de foin (n = 55 chevaux). Tous avait de l’eau à disposition.

Les chevaux travaillaient 4 à 20 heures par semaine dans des cours composés principalement d’enfants et d’adolescents, avec un jour de repos.

Comportements stéréotypés (SB) :

  • tic de l’ours : mouvement latéral évident de tête, l’encolure, l’avant-main, et parfois de l’arrière-main,
  • tic à l’appui ou à l’air : le cheval saisit un objet fixe avec ses incisives, tire en arrière et aspire de l’air dans son œsophage,
  • hochement de tête : mouvements verticaux de la tête et de l’encolure,
  • tape au box : le cheval frappe la porte ou un mur avec un de ses antérieurs,
  • marche en rond : marche de manière répétitive jusqu’à tracer un chemin dans le box.

Comportements répétitifs anormaux (ARB) :

  • léchage compulsif : léchage répétitif d’un même objet dans son environnement (excepté l’abreuvoir),
  • morsure compulsive : morsures répétées d’un même objet dans son environnement (excepté l’abreuvoir),
  • mouvement de la tête (autres que le hochement) : mouvements répétés de la tête,
  • menace sans raison : séquences rapides de menaces (coups de pied, morsure) seul dans son box,
  • bouche ouverte : le cheval garde sa bouche ouverte et bouge latéralement son encolure,
  • frottement de dents : frottement des dents sur la partie supérieure de la porte,
  • claquement de dents,
  • flapping,
  • mouvement de la langue : mouvements de la langue, à l’intérieur ou à l’extérieur de la bouche.

Sur ces bases d’observation, un questionnaire a été transmis aux soigneurs dans lequel ils évaluaient le comportement des chevaux de leur écurie. De l’autre côté, un éthologue observait le comportement du cheval sur plusieurs heures.

Pourcentage de chevaux SB (questionnaires) rapproché selon le pourcentage de chevaux SB (observations) rapportés par l'école.
Pourcentage de chevaux SB (questionnaires) rapproché selon le pourcentage de chevaux SB (observations) rapportés par l’école.

Les résultats soutiennent l’idée que les comportements anormaux observés peuvent en quelque sorte devenir la norme : les écoles d’équitation qui comptent plus de 70% des chevaux SB, sont celles où les écarts entre le questionnaire et les observations sont les plus élevés.

En effet, pour le personnel de l’écurie, le fait d’être entouré par une grande population de chevaux souffrants est susceptible de modifier la perception du bien-être, il pourrait même considérer ces comportements normaux.

La deuxième problématique est certainement le manque de formation des soigneurs qui ignorent ou ne savent pas reconnaître les signes de bien-être.

Cette sous-estimation est inquiétante puisqu’elle ne permet pas de réduire ou de résoudre les causes du mal-être.

Fait intéressant : les professionnels les plus soucieux et attentifs obtenaient les meilleurs résultats (faible représentation de chevaux malheureux, et réponses cohérentes par rapport au questionnaire).

A noter : seuls deux centres ne présentaient aucun cheval SB.