Elevage, perte d’origines et hypertype équin

Elevage et hypertype

L’hypertype est la sélection des caractéristiques physiques ou morales d’une race dans le but de les accentuer. Cette recherche exagérée aboutie à ce que l’on appelle l’hypertype. On trouve des hypertypes chez les chats, les chiens, les vaches et les chevaux.

Le principal problème de l’hypertype est qu’il tend vers une dénaturation du type originel, allant même jusqu’à engendrer des handicaps physiques.

Quelques exemples canins et félins :

Jeune Quarter Horse de lignée halter.
Jeune Quarter Horse de lignée halter.

Une réflexion génétique qui s’applique aussi pour nos amis équins. Des races telles que les Pur-sangs Arabes, les lignées halters (QH, Paint, etc.), les Tennessee Walker, les Saddlebred, les Welshs, les Frisons… souffrent d’hypertypes.

Mais l’hypertype n’est qu’une conséquence sous-jacente à l’élevage et à la génétique, car certaines races sont aujourd’hui confrontées à des problèmes, des maladies qui leur sont propres.

Erreurs de croisement, pauvreté génétique, consanguinité ? Des causes probables. Cependant, même si le gêne d’une maladie est connu, il n’est pas forcément supprimé, parce que les chevaux porteurs ne seront pas nécessairement retirés de la reproduction s’il y a une chance de non-transmission.

Au final, question élevage et génétique, on relève des problèmes très différents.

Les chevaux Américains :

  • le GBED (Glycogen Branching Enzyme Deficiency) : c’est une maladie affectant le processus du glycogène, elle entraîne la mort du poulain parce qu’elle empêche la fixation de sucre ;
  • le HERDA (Hereditary Equine Regional Dermal Asthenia) : une maladie génétique grave touchant la peau et les yeux ;
  • le HYPP (Hyperkalemic Periodic Paralysis) : cette maladie se traduit par des attaques musculaires soudaines et incontrôlées durant lesquelles le cheval est lucide et conscient. Il arrive que durant ces attaques, le cheval s’effondre ou meurt (si le système respiratoire est paralysé par exemple). Il n’y a pas de remède à l’heure actuelle, et les chevaux atteints ont généralement une espérance de vie réduite. Le gêne a été identifié chez l’étalon QH de lignée halter Impressive, dans les années 1980, raison pour laquelle la maladie est parfois dénommée « Impressive Syndrom » ;
  • Le OLWFS (Overo Lethal White Foal Syndrome) : syndrome lié au gêne overo causant des malformations congénitales, le poulain naît blanc et meurt très rapidement.

Exemple de HYPP :

Les chevaux de trait :

  • le CPL (Chronic Progressive Lymphedema) : une maladie des membres touchant la race Shire, Clydesdale, et Belge et Gipsy ;
  • l’EBJ (Epidermolyse Bulleuse jonctionnelle) : une maladie génétique létale affectant particulièrement la race Comtoise et Bretonne. Le poulain étant né sans peau sur certaines parties de son corps, l’euthanasie est inévitable.

Le Connemara :

  • le HWSS (Hoof Wall Separation Syndrome) : littéralement la séparation de la paroi, c’est une maladie relativement récente puisque le génome a été identifié en 2007. Pour trouver une solution, des scientifiques ont lancé un plan de recensement mondial invitant chaque propriétaire à fournir les informations nécessaires aux recherches.

Le Franches-Montagnes :

  • La FHC (Fibrose Hépatique de Caroli) : c’est une maladie identifiée en novembre 2011 sur 13 étalons. Elle affecte le foie et le poulain meurt au cours des 6 premiers mois.

Les Pur-Sangs Arabes :

  • La CA (Cerebellar Abiotrophy) : une maladie neurologique conduisant à l’euthanasie du poulain ;
  • le SCID (Severe Combined Immunodeficiency Disease) : c’est une maladie affectant le système immunitaire, un poulain contaminé meurt généralement dans les 15 à 45 jours après l’apparition des symptômes.

Races multiples :

  • le PSSM (Equine Polysaccharide Storage Myopathy) : c’est une maladie provoquant des troubles musculaires chez le cheval,
  • la consanguinité : le Frison en a souffert à des taux élevés, causant des cas de nanisme et d’hydrocéphalies. Aujourd’hui, il souffrirait plutôt d’une sélection basée sur le développement d’allures spectaculaires au détriment d’un physique harmonieux,
  • proximité génétique : une étude a révélé que les étalons européens partagent une génétique très proche (SOURCE : Plos One),
  • la dénaturation : l’exagération du profil du Pur-Sang Arabe se traduit à force par un handicap respiratoire. Le dos et les membres semblent aussi moins bien bâtis pour la charge d’un cavalier, perdant ses qualités originelles de cheval de selle, celles qui faisaient de lui un cheval solide et endurant,
  • l’exploitation et l’entraînement abusif : les Tennessee Walker et les Saddlebred en sont particulièrement victimes,
  • des maladies ophtalmiques : les Appaloosas, les Frisons, les yeux bleus ont une prévalence aux problèmes ophtalmiques,
  • la note d’état corporel : les Welsh cob concourent gras, tandis que certains Akhal Tekes sont présentés anormalement maigres.

Des articles sur le sujet :

A l’inverse de l’hypertype, la perte des origines

A l’inverse des races hypertypées, d’autres perdent leurs caractéristiques originelles, comme le Mérens et son physique de montagnard. C’est aussi le cas du Haflinger, du Fjord, du Connemara, et du Franche-Montagne (entre autres, mais nous pouvons également citer le Selle-Français, le Trotteur Français, le Barbe, les races germaniques, les chevaux de trait, etc.).

Le Mérens est bon exemple, son cas illustre également celui des races précédemment citées. Les mutations ont été nombreuses entre le poney des montagnes originel d’1m45 environ et celui du cheval polyvalent d’aujourd’hui dépassant parfois les 1m60.

Dès lors que l’on a imaginé des chevaux plus grands et plus légers (au détriment de certaines qualités originelles), on a opéré de rapides changements, peut-être même trop rapides. On pense par exemple à l’introduction de sang de Trotteur Français dans le stud-book (approbation d’une poulinière de mère TF dont la reproduction a compris des reproducteurs mâles et femelles approuvés). La question n’est pas de juger de la qualité de ce croisement, mais plutôt d’illustrer l’amorce du nouveau modèle ariégeois. Un modèle qui n’est pas non plus du goût de tous les éleveurs et qui serait plutôt source de discordes.

Quel avenir pour les races ancestrales qui ont su développer des caractéristiques propres à leur environnement ?

Quel avenir pour les races ancestrales qui ont su développer des caractéristiques propres à leur environnement ?

Le revers de la génétique

Une étude récemment parue ouvre une question large sur la génétique, des chercheurs ont étudiés l’ADN des chevaux domestiques et sauvages, leurs résultats (en lien) et leur conclusion sont particulièrement intéressantes :

« Sélectionner positivement des animaux pour certaines de leurs caractéristiques revient à ne faire se reproduire qu’une sous-partie des individus, les uns avec les autres. Ce qui finit par provoquer un effondrement démographique qui autorise la fixation dans le génome de mutations génétiques délétères. » Ainsi, en voulant créer le cheval parfait, aboutirait-on à des individus concentrant un maximum de tares génétiques.

SUITE DE L’ARTICLE

Bien sûr, quid du cheval Islandais ? Ce cheval insensible aux problèmes de consanguinité et exempt de tares. La réflexion est ouverte.