L’autre jour, j’ai retrouvé mon poney avec une contusion probablement dû à un choc. J’ai douché à l’eau froide et appliqué de l’argile verte, comme on le fait tous, presque par automatisme. Et puis en décortiquant un peu mon protocole, je me suis demandée si ce que je faisais avait du sens. Y-a-t-il des preuves scientifiques ou est-ce juste une habitude ?
Alors j’ai cherché.
Et bon… je pense que le résultat va jeter un pavé dans la mare en matière de soins.
L’argile verte
Première observation : c’est une pratique commune dans le monde du cheval, mais moins dans le milieu médical « humain ». En effet, rares sont les médecins ou les pharmaciens qui vous conseillent un cataplasme d’argile si vous avez une contusion, une tendinite ou une entorse. A part dans les thermes, l’application d’argile (ou boue « thérapeutique ») n’est pas une pratique courante.
Deuxième observation : la majorité de ceux qui parlent des vertus de l’argile sont ceux qui en vendent… CQFD.
Mais que dit la science ?
Presque rien. Pourtant je me suis démenée dans mes recherches en spécifiant même plusieurs types d’argiles.
Je n’ai trouvé aucune étude scientifique concernant l’efficacité de l’argile dans le traitement de contusions, de tendinites ou autre. Le seul sujet de recherche que j’ai trouvé est son application sur des plaies ou des brulures (avis perso : l’argile contient des métaux lourds, bof l’idée de l’appliquer sur une lésion).
En tout cas, si l’argile était aussi efficace qu’on le prétend, ce serait quand même plus « scientifiquement » évident, non ?
Ps : si vous arrivez à trouver des études scientifiques, envoyez-les moi, je suis vraiment intéressée.
La phytothérapie (plantes et huiles essentielles)
L’arnica et les huiles essentielles sont souvent des ingrédients clés dans les crèmes pour soulager les contusions. Mais qu’en est-il sur le plan scientifique ?
Concernant l’arnica, la majorité des études se concentrent sur sa forme homéopathique. Or il a été démontré que l’homéopathie n’a aucun effet (à part placebo). Si on écarte toutes les études menée sur sa forme homéopathique, on a moins de résultats, mais pour le peu que l’on trouve, ils semblent y avoir au moins un effet analgésique.
Malheureusement, si on doit parler d’arnica, on doit aussi parler de son exploitation. La majorité de l’arnica provient de la cueillette sauvage, mais ces dernières années, à cause du réchauffement climatique, elle disparait des massifs. Depuis deux ans sa cueillette est même interdite dans les Vosges. L’arnica est devenue une ressource rare et lorsqu’une ressource devient rare parce qu’elle fragilisée voire sur le point de disparaitre, il faut l’éviter. En plus, étant donné l’explosion de son prix d’achat, il est fort probable que les fabricants la sous-dosent dans leur composition.
Concernant les huiles essentielles, c’est au cas par cas.
On trouve par exemple des études sur la gaulthérie qui indiquent une action anti-inflammatoire.
Mais si on s’intéresse à l’hélichryse italienne, c’est moins évident. Dans une étude publiée fin 2023, des chercheurs italiens ont évalué les données scientifiques portant sur cette plante et voici leur conclusion : l’hélichryse italienne est une plante médicinale aux activités pharmacologiques prometteuses. Toutefois, la plupart de ses applications traditionnelles ne sont pas encore scientifiquement prouvées. Des essais cliniques sont nécessaires pour confirmer ces données et promouvoir l’hélichryse italienne en tant qu’outil important dans le traitement de plusieurs maladies. (Source : Helichrysum italicum: from traditional use to scientific data).
Alors, concernant la phytothérapie, on en est donc un peu près là : parfois il y a des données scientifiques, parfois il n’y en a pas (ou pas assez). C’est en tout cas un domaine vaste dans lequel il est bon de prendre du recul et ne pas tout prendre pour argent comptant, car ce n’est pas parce que c’est naturel, que c’est efficace, sans danger et écologique.
Les gels et argiles rafraichissants
L’effet rafraichissant de ces produits provient du menthol, c’est la menthe qui a donne cet effet rafraichissant. Il s’agit bien d’une sensation, physiquement, cela ne cause pas une baisse de la température.
Ces produits sont donc intéressants lors d’efforts sportifs, parce qu’ils dupent le cerveau. Celui-ci va croire qu’il fait moins chaud, ce qui peut aider à prolonger l’effort par temps chaud.
Par contre, ne comptez pas vraiment sur ces produits pour réduire une inflammation localisée puisqu’il n’abaissent pas la température.
Si ces produits vous intéressent, vérifiez quand même la composition INCI (comme tout produit de soin), car ces substances peuvent être avalées ou polluées insidieusement l’environnement.
Que faire ?
Pour soulager une contusion ou un engorgement… si leur degré de sévérité reste de l’ordre de la « bobologie », le plus simple et efficace reste d’appliquer une poche de glace. C’est d’ailleurs ce que l’on retrouve dans les protocoles de premier secours : on ne recommande pas d’appliquer de l’argile ou une crème, mais du froid !
En effet, le froid a un effet analgésique, anti-inflammatoire et vasoconstricteur. Appliquer une poche de glace ou au moins de l’eau froide est donc un bon moyen de soulager et de soigner la zone concernée.
En finalité, les solutions les plus simples sont parfois les meilleures. En plus, elles permettent souvent de faire de belles économies, sans parler de leurs effets positifs sur les ressources naturelles qu’on laisse tranquille pour une fois. 😉

