Compléments alimentaires pour chevaux : quand les biais cognitifs nous jouent des tours

Il existe des milliers de compléments alimentaires pour chevaux prêts à délivrer 1001 promesses : pour la beauté du poil, la pousse de la corne, la prise musculaire, les problèmes respiratoires, contre les allergies, pour la bonne santé générale…

Donner un complément à son cheval, je vois pas où est le mal ? Tout le monde le fait !

Il s’agit ici d’un biais cognitif classique et bien connu que l’on appelle « l’effet de mode« .

C’est quoi un biais cognitif ?

Un biais cognitif est une déviation dans le traitement cognitif d’une information. Le terme biais fait référence à une déviation de la pensée logique et rationnelle par rapport à la réalité. Les biais cognitifs conduisent le sujet à accorder des importances différentes à des faits de même nature et peuvent être repérés lorsque des paradoxes ou des erreurs apparaissent dans un raisonnement ou un jugement. (Source : Wikipedia).

Je ne vais pas lister l’ensemble des biais cognitifs, car ce n’est pas le sujet de l’article, je vais seulement m’intéresser à ceux que l’on rencontre le plus souvent quand il s’agit d’acheter un complémentaire alimentaire pour son cheval.

L’effet de mode

On ne le penserait peut-être pas de prime abord, mais l’effet de mode est bel et bien un biais cognitif. Celui-ci consiste à adopter un comportement, une croyance ou à vouloir les mêmes produits que ses ami(e)s ou les personnes auxquelles on s’identifie. C’est un biais renforcé par le besoin de validation sociale qui s’est particulièrement accru depuis le développement des réseaux sociaux.

C’est un carburant idéal pour les achats compulsifs.

On peut donc se faire avoir par simple « effet de mode ».

Le biais d’autorité

Le biais d’autorité consiste à surévaluer les avis, suggestions ou directives d’une personne perçue une autorité ou ayant un statut social supérieur. Dans le domaine équestre, les personnes d’autorité peuvent être les professionnels de santé (vétérinaire) et les professionnels de soins non conventionnels (ostéopathe, naturopathe, shiatsu…).

Concrètement nous seront plus facilement convaincus d’acheter tel ou tel complément parce qu’il aura été conseillé par un vétérinaire ou un ostéopathe.

Attention (et c’est presque un red flag), cela permet souvent à ces personnes de complémenter leurs revenus.

Le biais de confirmation, le biais de fausse corrélation et le biais de croyance

Le biais de confirmation consiste entre autres à collecter et interpréter des informations qui confortent notre croyance. Par exemple : je suis persuadée que ce complément pour le poil rendra mon cheval plus calme, alors je fais des recherches dans ce sens pour confirmer mon opinion.

Ensuite, on peut aussi faire une autre erreur : le biais de fausse corrélation qui consiste à connecter des événements entre eux. C’est un biais que l’on voit fréquemment après l’administration d’un complément : on a tendance à vouloir absolument trouver une différence avant/après qui peut conduire à de fausses observations.

Le biais de croyance consiste à davantage prendre en considération une information si celle-ci se conforme à nos croyances. Ce biais peut particulièrement être renforcé à travers les avis partagés sur le net : « ah tiens, elle aussi elle constate ça sur son cheval, donc c’est vrai ».

On récapitule  :

  1. Je pense que ce complément pour le poil rendra mon cheval plus calme, je fais des recherches dans ce sens = biais de confirmation,
  2. Je trouve en effet que mon cheval a un meilleur poil, mais que sa digestion est moins bonne = biais de fausse corrélation,
  3. Je trouve des avis qui vont dans mon sens = biais de croyance.

Le marketing adore nos biais cognitifs

Le problème n’est pas que le complément modifie ou non la digestion, le problème est de construire une logique qui nous semble rationnelle alors qu’elle ne l’est pas. Celle-ci ne nous porte pas forcément préjudice à chaque fois, mais cette pensée irrationnelle peut nous amener à faire plus d’erreurs et à nourrir de fausses croyances (que l’on risque aussi de propager, ce sont les fameux mythes et « on-dits »).

Il est surtout assez malaisant de comprendre à quel point les industriels utilisent nos biais cognitifs pour nous faire dépenser de l’argent. Nos pensées irrationnels sont en fait de formidables boosters de ventes.

Or, quand on s’intéresse plus attentivement et objectivement aux compositions de ces produits, aux choix des formulations, aux dosages des ingrédients ou même aux recommandations générales en matière de santé, on s’aperçoit qu’une grande (voire immense) partie de ces compléments sont mal formulés, sous-dosés voire carrément inefficaces.

Conclusion

On peut toujours ignorer nos biais et continuer à consommer en suivant notre pensée irrationnelle ou alors, on peut essayer de collecter des informations plus objectives et plus concrète afin de faire des choix plus rationnels. J’y trouve personnellement deux avantages : faire des économies et soigner/gérer plus efficacement son cheval.

PS : cet article aurait pu concerner d’autres produits ou domaines, j’ai décidé de cibler les complémentaires alimentaires pour chevaux parce que je trouve que c’est de plus en plus la foire à la saucisse…