Merci à Sabrina Peyrille, ingénieur alimentation du cheval et diplômée de l’Université de Rennes en Ethologie du cheval, pour son regard sur cet article.
Cet article ne substitue pas aux conseils du vétérinaire ou du nutritionniste, contactez-les en cas de doute.
Les vitamines et minéraux sont indispensables au bon fonctionnement de l’organisme, ils sont notamment impliqués dans l’assimilation et le métabolisme des aliments, le renouvellement des tissus et des cellules ainsi que dans les défenses immunitaires.
Comme nous, les chevaux ont besoin de ces nutriments tous les jours et à juste dose, dans le cas contraire ils sont exposés à des carences. Il est donc important de leur fournir une supplémentation adaptée en fonction de leur âge, de leur activité, de leur poids, et de leur sexe, et ce, afin de maintenir leur bonne santé générale. Enfin, contrairement à ce que l’on pense souvent, les chevaux au pré ou en surpoids ont également besoin d’être complémentés.
La supplémentation peut prendre deux formes, soit c’est un aliment concentré (granulé, floconné), soit c’est un complément (CMV), nous nous intéresserons principalement ici au CMV.
Les vitamines
Les vitamines sont classées comme étant des composés solubles dans l’eau ou solubles dans les graisses organiques qui peuvent être naturellement présentes en petites quantités dans les aliments végétaux et d’origine animale.
Les vitamines liposolubles :
- Vitamine A
Fonctions : vision, croissance osseuse, reproduction, division cellulaire et différenciation cellulaire. Le cheval ne trouve pas directement de la vitamine A dans son alimentation, mais il la synthétise à partir du béta-carotène qu’il trouve dans l’herbe fraîche ou dans les carottes.
Signes de carence : le manque de vitamine A se fait principalement ressentir en hiver lorsque le cheval ne bénéficie qu’une source alimentaire à base de foin. Les signes sont un manque d’appétit, une perte de poids, un pelage terne, une cécité nocturne, un larmoiement excessif des yeux, de l’anémie, et même des crises convulsives. Si le cheval est privé durant au moins 6 mois d’herbe fraîche, une supplémentation peut être intéressante.
Signes de surdose : une surdose en vitamine A se produit généralement quand le propriétaire sur-complémente son cheval. Ses répercussions négatives se font ressentir sur la croissance, sur la peau, le poil, les os et les muscles. - Vitamine D
Fonctions : solidité des os. La vitamine D joue également un rôle dans la contraction musculaire, la croissance et la différenciation cellulaire, le système nerveux central et le système immunitaire.
Il est rare que les chevaux soient carencés en vitamine D. Il peut y avoir une surdose dans le cas d’une supplémentation. - Vitamine E
Fonctions : antioxydant, maintien du bon fonctionnement musculaire, nerveux, circulatoire, reproducteur et immunitaire.
Le cheval trouve ses besoins dans l’herbe fraîche et le foin, les taux fluctuent en fonction des plantes, de leur maturité et de la météo. Elle fonctionne avec le sélénium, c’est pourquoi les compléments en vitamines E en contiennent la plupart du temps. Le traitement de certaines affections comprennent une dose plus importante en vitamine E en vue de booster le système immunitaire.
Signes de carence : à long terme, une carence en vitamine E peut affecter l’appareil musculaire et le cerveau.
Signes de surdose : il ne semble pas y avoir de risque en cas de surdosage.
Les aliments industriels contiennent souvent de la vitamine E, pour les chevaux dont le régime alimentaire est exclusivement fourrager, une supplémentation peut être envisageable. - Vitamine K
Fonctions : coagulation du sang, participe à l’activation d’autres protéines et est impliquée dans le métabolisme des os et d’autres tissus.
Signes de carence : le cheval peut être carencé en cas d’empoisonnement au mélilot ou de foin moisi (ingéré sur plusieurs semaines). Un carence peut également résulter de tout ce qui compromet le microbiote digestif (colique, diarrhée, chirurgie, antibiotiques). Une maladie du foie chronique peut également être un facteur. A long terme carence en vitamine K diminue la coagulation du sang. Des saignements du nez sont souvent l’un des premiers signes, ainsi que des hématomes ou des hémorragies internes.
Signes de surdose : la vitamine K est toxique à haute dose. Une injection peut entraîner une surdose provoquant une insuffisance rénale aiguë (mortelle).
Les vitamines hydrosolubles :
- Vitamine B1 (thiamine) : participe à la transformation des glucides en énergie, au bon fonctionnement du cœur, des muscles et du système nerveux.
- Vitamine B2 (riboflavine) : important pour la croissance du corps et de la production de globules rouges, contribue à transformer les glucides en énergie.
- Vitamine B3 (niacine) : aide au bon fonctionnement du système digestif système, la peau et les nerfs, et joue également un rôle dans la transformation des aliments en énergie.
- Vitamine B5 (acide pantothénique) : impliqué dans de nombreuses voies métaboliques, y compris les glucides, les lipides, les protéines et les hormones stéroïdes.
- Vitamine B6 : joue un rôle important dans de nombreuses réactions du métabolisme aux acides aminés, à l’utilisation du glycogène, à la synthèse de l’adrénaline et de la noradrénaline, et au métabolisme des graisses,
- Vitamine B7 (biotine) : nécessaire à la croissance cellulaire, la production d’acides gras et au métabolisme des graisses et des acides aminés.
- Vitamine B9 (acide folique) : aide à produire et maintenir de nouvelles cellules, particulièrement important lors de la gestation, nécessaire pour fabriquer des globules rouges et prévenir l’anémie, entre dans le métabolisme des acides aminés.
- Vitamine B12 (cyanocobalamine) : utilisée pour la formation des globules rouges, la fonction neurologique, et la réplication d’ADN. Elle est également nécessaire pour la production de propionate, une énergie provenant de la fermentation glucides.
- Vitamine C (acide L-ascorbique)
Fonctions : neutralise les radicaux libres, rôle bénéfique sur les muscles, les articulations, les blessures, les piqûres, le stress, la pollution…
Contrairement à l’homme, le cheval est capable de produire de la vitamine C. Gare cependant à l’accoutumance, certains chevaux sont tellement habitués à recevoir de la vitamine C qu’ils ne peuvent plus s’en passer, c’est notamment le cas des vieux chevaux.
Les minéraux
Les chevaux souffrent très régulièrement de carences minérales, mais également de surexpositions. Voici donc une classification des carences rares, modérées et courantes calculées dans le cas d’un régime riche en fourrages.
Remarque : les ratios fournis ici sont des ratios de ration complète (par exemple CMV + fourrages).
Risque faible de carences :
- Calcium
Fonction : minéralisation osseuse.
Un excès de calcium peut bloquer l’assimilation du cuivre, du zinc, le manganèse et le fer.
A savoir que les sols calcaires produisent des fourrages riches en calcium augmentant le risque de carences. - Phosphore
Fonction : minéralisation osseuse.
L’excès de phosphore existe si le fourrage est faiblement distribué et que le cheval reçoit des quantités importantes de céréales.
Le rapport phosphocalcique (Ca/P) doit être compris entre :
- 1,5 et 1,8 pour les chevaux en croissance ou au travail,
- 2 pour les chevaux athlètes et les chevaux âgés.
- Potassium
Fonction : contraction musculaire. - Magnésium
Pour : formation de l’os, effort musculaire, nombreuses réactions enzymatiques. - Fer
Fonction : antianémique.
Signes de carences : déficit de croissance, inappétence, anémie, fatigue, sensibilité aux infections
L’excès de fer gène l’assimilation du cuivre et du zinc et peut s’avérer toxique. Attention aux surdoses dans les aliments pour chevaux. - Manganèse
Fonctions : fertilité, développement osseux.
Un excès de calcium peut bloquer son assimilation. - Cobalt
Fonction : métabolisme digestif.
Signes de carence : baisse de l’état général. - Sodium (source : pierre à sel disponible à volonté)
Fonction : intervient avec le chlore pour la régulation de la pression osmotique cellulaire, équilibre électrolytique et acidobasique.
Risque modéré de carences :
- Sélenium
Fonctions : antioxydant
Signes de carence : dystrophie musculaire, myopathie (poulain), myopathie enzootique de l’adulte.
Régions carencées : Massif central, Vosges, Ardennes, Jura. - Iode
Fonction : synthèse des hormones thyroïdiennes, reproduction, ossification.
Signes de carence : goitre, retard de croissance, adynamie, frilosité.
La teneur en iode dépend fortement de la richesse du sol donc de la région.
Risques élevés de carences :
- Cuivre
Fonction : antianémique, développement et résistance de l’os, prévention de l’ostéoporose, élaboration des phanères (poils, corne).
Pour un cheval de 500 kg au travail léger, les besoins tournent autour de 200 mg par jour. - Zinc
Fonctions : ossification, intégrité des téguments, immunité.
Signes de carence : baisses de la fertilité, lésions cutanées, alopécie. - Pour un cheval de 500 kg au travail léger, les besoins tournent autour de 600 mg par jour.
Concernant, le rapport Cu/Zn il y a deux écoles : celle de Martin-Rosset qui l’évalue entre 0,15-0,25 et celle de Wolter qui l’évalue entre 0,33-0,4.