Faut-il ramasser ou étaler les crottins ?

Cet article fait suite à petite conversation Facebook où nous avons rapidement discuter sur la question « est-il mieux de ramasser ou d’étaler les crottins ? ».

Nourrir le sol VS résistance parasitaire

La question soulève deux problématiques : la gestion des parasites et le « nourrissage » du sol.

En effet, le crottin est une source de nutriments intéressants pour le sol, mais c’est aussi un vecteur de parasites.

Je rappelle le cycle des parasites : le cheval mange des larves qui se trouvent dans l’herbe, celles-ci se développent, puis se reproduisent dans son organisme et expulsent les œufs via les crottins. Et le cycle reprend.

On peut gérer le sur-parasitisme en tuant les parasites adultes qui vivent dans l’organisme cheval, via les vermifuges (ou vermicides) que nous connaissons bien.
Problème : les parasites sont devenus résistants à ces molécules et ces dernières contribuent même à les rendre encore plus résistants, car elles opèrent une sélection : les individus faibles sont tués tandis que les forts survivent et transmettent ensuite leurs résistances aux générations suivantes.

Sur cette question, les scientifiques sont très inquiets, car ils ne savent pas développer de nouvelles molécules.

Prévention : ramasser ou étaler ?

L’attention se porte donc vers la prévention.

Parmi les préventions possibles, il y a le ramassage des crottins.
Le ramassage doit être régulier (toutes les semaines maximum) afin de ne pas laisser le temps aux œufs d’éclore dans l’herbe.
Cela demande donc un travail conséquent, car le cheval produit environ 15 kilos de crottins chaque jour répartit en 10 à 15 crottins.

Du coup, on peut être tenté d’étaler les crottins plutôt que des les ramasser, notamment via des procédés mécaniques.

Sauf, qu’en faisant des recherches, j’ai appris que :

  • les larves peuvent parcourir quelques mètres autour des crottins (et que les conditions humides les aident à parcourir plus de distance),
  • les larves peuvent s’enterrer jusque 30 cm dans le sol pour survivre,
  • les larves peuvent survivre pendant plus d’un an.

Du coup, est-ce que le fait d’étaler les crottins permet de gérer le cycle des parasites ?
La réponse est non, car les larvent survivent en dehors des piles de crottins.

D’ailleurs, les recherches scientifiques convergent toutes vers les mêmes conclusions : ramasser les crottins est leur première recommandation.

En plus de ramasser les crottins, d’autres actions complémentaires peuvent participer à réguler la population de larves :

  • éviter le surpâturage : plus l’herbe est courte, plus le cheval risque de s’infester,
  • pratiquer le pâturage inter-espèces, éviter les zones humides,
  • cibler les individus infestés et établir des protocoles de traitement personnalisés.

Les conditions climatiques extrêmes : plusieurs jours à plus de 40°C permettent de tuer une partie des larves.
Les insectes coprophages tuent également les œufs en les mastiquant (ils ne nourrissent des matières fécales). Ils ne peuvent en revanche par survivre aux résidus des vermifuges contenant dans les crottins. A cause de cela, leur population est constante diminution.

Peut-on alors répandre le fumier de cheval dans les pâtures ?
Oui, s’il est composé correctement.

L’hygiénisation est assurée si la température est supérieure à 50°C pendant 6 semaines. Si la température est comprise entre 40 et 50°C, il y a destruction des helminthes (parasites). En dessous, il n’y aura pas d’hygiénisation.
Par précaution, un compost qui ne chauffe pas, ne devra pas être épandu sur prairie. (Source : Filière cheval PACA)

Conclusion

Si nous devions faire un choix entre nourrir le sol et casser le cycle parasitaire, il faudrait choisir le second, car demain il est possible que nous ne sachions tout simplement plus traiter nos chevaux
Tandis que nous disposons de plusieurs autres solutions pour nourrir le sol. 😉 

Alors à nos brouettes ! 😀 

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