Ulcères gastriques équin : les chiffres récents mettent à mal certaines idées reçues

Article mis à jour le 21 janvier 2023

Les ulcères gastriques équins touchent énormément de chevaux et pas seulement les chevaux de courses ou de sport. Contrairement à ce qui est souvent partagé, les ulcères ne conduisent pas forcément à l’amaigrissement du cheval ou à des problèmes de comportement, parfois les symptômes sont beaucoup plus sourds et quasi-invisibles.

Pourquoi le cheval est-il sujet aux ulcères gastriques ?

La raison se trouve dans son fonctionnement digestif : le cheval s’alimente en moyenne pendant 16 heures par jour, alors pour digérer tous ces aliments, son estomac produit en continu de l’acide chlorhydrique. Le cheval produit ainsi 1,5 litre d’acide toutes les heures, soit environ 36 litres en 24 heures.

Ce n’est pas un problème si l’estomac est constamment rempli d’aliments, car l’acide va « s’y attaquer ». Mais c’est un problème si l’estomac est vide ou partiellement vide, car l’acide qui stagne dans l’estomac, va alors commencer à endommager la muqueuse protectrice. C’est le début de l’ulcération.

L’estomac est composé de deux parties :

  1. la muqueuse squameuse : située dans la partie haute, c’est la plus sensible aux éclaboussures acides. 60 à 80% des ulcères gastriques sont situées dans cette partie,
  2. la muqueuse glandulaire : située dans la partie basse de l’estomac qui est moins sensible, mais pas invincible.

Les chiffres

Comme mentionné plus haut, 50 à 90% des chevaux au travail souffriraient d’ulcères gastriques.

Estimation de chevaux touchés par discipline :

  • Courses : 90%
  • Chevaux de spectacle : 60%
  • Complet : 60-70%
  • Jumping : 72%
  • Endurance : 93% des chevaux souffrent d’ulcères pendant la saison de compétition contre 48% pendant la saison de repos.
  • Polo : 69% souffrent d’ulcères glandulaires et 54% d’ulcères squameux,

Les poulains sont aussi fortement touchés, en effet on estime que 25 à 50% des poulains développent des ulcérations durant le sevrage.

Les ulcères gastriques touchent aussi les chevaux féraux, dans une étude portant sur 51 chevaux domestiques et 27 chevaux féraux, les chercheurs ont déterminé que :

  • 22,2% des chevaux féraux et 60,8% des chevaux domestiques avaient des lésions squameuses,
  • 29,6% des chevaux féraux et 70,6% des chevaux domestiques avaient des lésions glandulaires.

Les chevaux féraux semblent donc plus sujets aux ulcères situés dans la région glandulaires par rapport aux chevaux domestiques, et les chercheurs ne connaissent pas encore les causes  de cette surprenante différence.
SOURCE : TheHorse

Le sevrage : une période à risque dans l’apparition d’ulcères gastriques.

Les causes

Les causes d’ulcères gastriques sont assez bien connues :

  • le stress : le sevrage, un transport même de courte durée, une compétition, un changement d’environnement…
  • le manque de fourrages (on peut parler de privation de nourriture),
  • l’exercice intense et/ou pratiqué l’estomac vide,
  • le tic à l’air ou à l’appui (plus d’études doivent être réalisées à ce sujet),
  • l’administration d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS).

Les mouches gastérophiles ne semblent pas être responsables d’ulcères gastriques.

Des symptômes pas toujours évidents à détecter

Les signes les plus connus et reconnus sont :

  • un manque d’appétit,
  • une irritabilité,
  • un manque de performance,
  • une mauvaise condition physique,
  • des coliques de faibles intensités.

Mais il y a aussi des signaux moins « percutants » :

  • dans les signes physiques :
    • une salivation excessive,
    • des crottins mous,
  • dans les signes comportementaux :
    • un cheval qui boit moins,
    • qui preste couché plus longtemps que d’habitude,
    • qui joue avec sa langue,
    • qui semble l’air de mastiquer sans manger,
    • qui mange plus vite si le repas a été retardé,
    • qui fait des rotations avec son encolure,
    • qui stresse facilement,
  • dans les signes au travail :
    • qui réagit au sanglage,
    • qui fait des foulées courtes,
    • qui réagit négativement à la jambe,
    • qui regarde/mord la zone jambe/sangle,
    • qui fouaille de la queue.

Même les chevaux avec un poids de forme, gros, voire obèses peuvent être touchés

Une étude italienne réalisée sur 203 chevaux a montré qu’il n’y a pas de lien évident entre le poids et la présence d’ulcères gastriques.

Dans cette étude, les chevaux avaient un score de poids corporel de trois ou plus. Ils étaient normaux, gros ou obèses.

Ils ne faisaient pas d’exercice et étaient soit retraités, se reposant pendant plusieurs mois avant de reprendre un travail actif, soit utilisés à des fins de reproduction (femelles ou étalons), tandis que 77/203 (38 %) étaient montés en carrière ou pour de courtes randonnées une fois par semaine ou moins. Tous les chevaux vivaient soit en paddock, soit au pré, seuls ou en petits groupes, pendant au moins quelques heures chaque jour. Tous les chevaux recevaient de 8 à 10 kg de foin deux à trois fois par jour, avec une petite quantité (1 à 2 kg/jour) d’aliments sucrés (mélange de céréales, maïs, son, mélasse, minéraux et vitamines) administrés une ou deux fois par jour.

Les gastroscopies ont révélées que 137 des chevaux avaient des lésions squameuses, soit 67,5% de l’échantillon. 53 des 203 avaient des lésions glandulaires.

SOURCE : Body Condition Score Is Not Correlated to Gastric Ulcers in Non-Athlete Horses

Un bon poids de forme, un poil brillant et quand même des ulcères !

Plusieurs exemples dans cette présentation montrent des chevaux en état qui ont un poil brillant et qui ont été diagnostiqués positifs aux ulcères, parfois à des grades sévères.

Ulcères de grade 1. Cheval décrit comme gentil et bon travailleur.
Ulcères de grade 2. Ulcérations étendues mais non profondes. Cheval décrit comme gentil, mais stressant facilement et difficile à maintenir en état. Son apparence ne suggère pas d’ulcérations gastriques.
Ulcères de grade 3. Ce cheval mors, tape et semble « mal luné », mais sa condition et son poil semblent corrects. Les ulcères sont profonds et hémorragiques et touchent les deux zones de l’estomac.
Ulcère grade 4. Les ulcérations sont étendues sur la région supérieures de l’estomac. Le cheval est décrit comme gentil mais stressant facilement.
Ulcère grade 4. Les ulcérations sont sévères. Ce cheval est décrit comme gentil, de bonne nature, son poil et son état général sont très bons.

Conclusion

Les chiffres récents nous montrent que les ulcères gastriques touchent tous les chevaux, mêmes ceux qui reçoivent une bonne quantité de foin, qui vivent de dehors, qui ne font rien… Il suffit même que le cheval soit sevré pour qu’il développe des ulcères. Les chiffres récents sous-entendons aussi que nous estimons le problème, alors en cas de doutes, consultez donc votre vétérinaire.

La seconde partie de l’article est à retrouver ici :