Ulcères gastriques équins : traitements et prévention | Que valent les traitements naturels ?

Article mis à jour le 21 janvier 2023

La suite de l’article sur les ulcères gastriques équins. La première partie de l’article est à lire ici :

Le diagnostic fiable : la gastroscopie

La gastroscopie (ou endoscopie gastrique) permet de diagnostiquer la présence d’ulcères gastriques et d’établir précisément le degré d’ulcération.

Cet examen dure environ 20 min durant lequel le cheval est sédaté. Il consiste à introduire par les voies nasales du cheval, une caméra montée sur une fibre optique de 3 mètres de long. Cet caméra est directement reliée à un écran de contrôle ce qui permet au vétérinaire de faire tous les vues nécessaires au diagnostic.

Pour être réalisée, le cheval devra jeûner pendant minimum 16 heures et son eau devra être retirée 3 heures avant l’examen.

Le diagnostic permettra d’ajuster la posologie du traitement qui est en moyenne de 28 jours.

Une autre technique moins fiable et moins précise : la palpation

Certains professionnels comme de Dr DePaolo ont développé des techniques de palpations qui peuvent aussi notifier la présence d’ulcères gastriques :

L’oméprazole : le seul traitement reconnu

L’oméprazole (Equizol, Equinor, Gastrogard, Pepticure, UlcerGold…) est la seule molécule validée dans le traitement des ulcères gastriques.

L’oméprazole est un antiacide qui va permettre à la muqueuse de se générer et guérir.

Ce traitement est efficace mais il est onéreux.
Un autre inconvénient relevé par de récentes recherches est qu’une utilisation prolongée de l’oméprazole limiterait l’absorption du calcium et du magnésium.

Seulement 4 à 10% des ulcères guérissent sans traitement.

Les autres suppléments possibles

La pectine et la lécithine : mélange à faire soi-même, Pronutrin d’Equitop ou Egusin
Plusieurs études ont traités des chevaux avec un mélange de lécithine et de pectine de pommes. Les résultats sont assez encourageants.

Il existe plusieurs produits contenant de la lécithine et la pectine, mais à des doses souvent bien inférieures à celles utilisées dans les études. En effet, ces produits contiennent en général quelques grammes tandis que les protocoles en comptent plusieurs centaines de grammes.

Pour se rapprocher de ces résultats scientifiques, on peut réaliser le mélange soi-même comme le propose la nutritionniste Dr Juliet Getty. Elle conseille de mélanger l’équivalent de 125 ml de lécithine et deux cuillères à soupe de pectine, à distribuer en une ou deux fois.

Ou alors opter pour un mélange tout prêt comme le Pronutrin d’Equitop.
Un pot couvre environ 10 jours de cure et les résultats sont normalement déjà visibles au bout de 10 jours, mais il est conseillé de réaliser la cure pendant au moins 2 semaines.

Relyne GI
Le Relyne GI composé de polysaccharides et d’acide hyaluronique pourrait à l’avenir être envisagé en traitement. Une étude indépendante a montré que 90% des chevaux de l’étude avaient guéris ou montraient d’importantes améliorations, mais plus de recherches doivent être menées afin d’évaluer sa réelle efficacité.

Le SmartGut Ultra
Dans une étude américaine, le produit SmartGut Ultra semble être une solution préventive efficace après un traitement à l’oméprazole.
Ce complément est composé entre autres, d’argousier, de L-Glutamine, d’aloé véra,  de pectine, de lécithine, de calcium, magnésium et de fructo-oligosaccharides (FOS).

Que penser de l’aloé véra ?

Une étude australienne a par exemple était menée sur l’aloé véra utilisée parfois comme traitement contre les ulcères : 75% des chevaux traités avec l’oméprazole étaient guéris contre 17% avec l’aloé véra.

L’aloé véra est souvent citée comme remède contre les ulcères gastriques, mais ses effets sembleraient limités.

Que pensez de l’argile, du vinaire de cidre, du miel, des plantes et autres ingrédients ?

Il n’existe pas de résultats scientifiques quant à l’efficacité de l’argile, du vinaigre de cidre, du miel dans le traitement des ulcères gastriques.

D’ailleurs, j’en profite pour rappeler ou informer sur le fait que l’argile contient du plomb (et d’autres choses), son usage interne n’est donc pas sans risque.

Attention, car à ne pas traiter correctement le problème, on continue de prolonger la souffrance du cheval et on ne fait pas de véritables économies.

Que pensez des autres compléments gastriques ?

De nombreux compléments gastriques sont proposés sur le marché. Environ 1 cheval sur 2 est touché par des ulcères gastriques, donc pour les fabriquant, c’est un marché assez juteux. On trouve en conséquence du bon et moins bon, et souvent du « très cher ».

Exemple : dans l’étude qui a montré qu’un mélange pectine-lecithine pouvait se relevé curatif, celle-ci se basait sur une préparation de plusieurs centaines de grammes. On retrouve souvent de la pectine et de la lécithine dans les compléments gastriques, mais à des doses bien inférieurs (moins d’une dizaine de grammes). Quid de leur efficacité ? On en sait rien, car ces produits n’ont souvent pas fait l’objet d’une seule étude scientifique. Il faut seulement se baser sur les avis clients. C’est un problème, car non seulement ils contiennent peu d’ingrédients actifs, que leur efficacité n’est pas prouvé, mais en plus ils sont vendus à prix d’or.

Parmi ces compléments on trouve aussi des des additifs controversés, du sucre… bref, des compositions peu qualitatives voire même néfastes.

Conclusion, lisez bien les étiquettes !

Prévention

La meilleure stratégie pour prévenir les ulcères est d’offrir des conditions de vie idéale à son cheval et éviter l’exposition au stress.

L’alimentation
La première est de distribuer du fourrage en quantité importante, au mieux en quantité illimitée.
L’accès au fourrage permet de garder l’estomac plein (l’acide attaque alors la nourriture plutôt que la muqueuse).

A savoir que l’estomac se vide en 4 à 6 heures : il est donc important que le cheval dispose de suffisamment de fourrage, en particulier durant la nuit !
Pour augmenter le temps de mastication, on peut envisager la distribution du foin en filet. Attention de ne pas choisir des mailles de moins de 4 cm qui peuvent être trop restrictives (elles conviennent cependant aux petites bouches des poneys de type A et B).

L’accès à l’eau est également essentiel, car boire est aussi un moyen pour ne pas que l’estomac se remplisse d’acide.
Il est important que le cheval puisse boire à volonté une eau propre et tempérée.

Du foin avant la séance
Le fourrage est à distribuer avant la séance d’exercice pour ne pas que le cheval « court » l’estomac vide.

Un bon apport en acides aminés et antioxydants
Les acides aminés et les antioxydants (C, E, sélénium) jouent également un rôle dans la protection de la muqueuse de l’estomac. Leurs apports doivent donc être vérifiés.

Le mode de vie
Le confinement au box doit être réduit au maximum. La vie en groupe et au grand air doit être privilégiée.

Le stress
Les situations de stress telles que les compétitions, le transport, le sevrage doivent être correctement préparées afin de limiter l’apparition d’ulcères gastriques.

Les compléments cités plus haut peuvent offrir une solution préventive contre ces épisodes de stress.

Les médicaments
La prise d’anti-inflammatoires non-stéroïdiens doit être limitée.

Une petite vidéo animée pour résumer le sujet