De récentes études ont montré que les protections des membres ne sont pas des protections anodines.
Les protections élèvent la chaleur des jambes
Première étude
Dans une étude parue en 2013, les chercheurs ont réalisé deux études.
Dans la première étude, ils ont relevé la chaleur émises par les protections après un court exercice standardisé. Les chercheurs ont choisi 3 types de protections : fermés, perforées (les N.E.W Airoflow Brushing Boot) et ouvertes (protèges-tendons). Les relevés de température n’ont montré aucune différences significatives entre la jambe droite ou la jambe gauche ou le haut, milieu et bas de la protection.
Dans la seconde étude, les chercheurs ont relevés la température des tendons de 130 chevaux après un parcours de cross. Dans cette étude, trois types de protections ont été évaluées : fermées, perforées et ouvertes. Aucune marque particulière n’a été prise en compte, il y avait 21 modèles différents. Les chercheurs ont aussi testé des chevaux courant sans protection.
Les températures enregistrées oscillaient entre 29 et 37°C pour les guêtres fermées, entre 26 et 33°C pour les guêtres perforées et entre 21 et 23°C degrés pour les jambes nues.
Seconde étude
En 2014, des chercheurs autrichiens ont aussi fait des relevés de températures après exercice. Dans cette étude, un échantillon de 10 chevaux été étudié. La prise de température a été prise au repos puis après 20 minutes de longe.
Les relevés ont montré :
- jambes nues : autour de 14°C au repos et 14°C après exercice
- avec bandes : autour de 15°C au repos et 25°C après exercice,
- avec protège-tendons : 15°C au repos et 21°C après exercice.
Troisième étude
Une étude plus récente (2017) réalisée en Slovaque s’est également intéressée à la température dégagée par les protections après exercice.
L’exercice comprenait 10 minutes de pas, 5 minutes de trot, 2,5 minutes de galop et 5 minutes de pas. La température ambiante durant ces relevés oscillait entre –6 °C et 5 °C. L’étude a été réalisée sur 16 chevaux de différents âges et origines.
Augmentation moyenne de la température :
- Bandes en polyester (polaire) : +16,5°C
- Guêtres ouvertes : +14,3°C
- Guêtres en cuir : +14,3°
- Guêtres coquées aérées : + 13°C
- Guêtres fermées en sympatex : +12,3°C
- Guêtres fermées en néoprène : +11,9°C
- Jambes nues : +3°C
Conclusion
Dans un article Horse & Hound (que je vous recommande), les professeurs Roger Smith et Michael Schramme indiquent que :
La température à l’intérieur du tendon peut dépasser 45°C pendant les périodes d’exercice intense. Cette élévation de température est contrebalancée par la circulation du sang dans le tendon et l’effet de refroidissement lorsque le membre se déplace à l’air libre.
Les effets de l’élévation de la température ne sont pas complètement compris, mais des recherches menées dans le laboratoire de biologie du tendon du Royal Veterinary College ont montré que de courtes périodes d’hyperthermie (élévation de la température) peuvent induire l’apoptose – la mort cellulaire programmée – et pourraient donc avoir un effet délétère sur le tendon.
Garder sous contrôle la bonne température est très difficile car la température est influencée par plusieurs éléments : la température extérieure, l’intensité de l’exercice et la durée de l’exercice.
Nous ne devons plus poser des protections par habitude, mais bien comprendre les risques quant à leur usage.
Besoin de protéger : quelles guêtres choisir ?
Les études précédentes ont mentionné que les guêtres perforées chauffaient moins que les matières non perforées. Ce type de guêtres, on en trouve de plus en plus, mais tous les modèles ne sont pas forcément pertinents. Par exemple évitez les guêtres double effet, comme celles de chez Back on Track qui sont à la fois en Welltex (matière chauffante) et à la fois perforée… De même pour tout ce qui concerne la fourrure, même s’il n’est que décorative. On trouve aussi des guêtres perforées seulement de l’extérieur et pas de l’intérieur, ce qui doit diminuer leur efficacité.
Il faudra aussi assurer du bon entretien de la guêtre parce que le sable et la boue obstruent les aérations.
Je vous ai fait une petite sélection de protections perforées, certains de ces modèles conviennent aussi pour les activités à hauts risques comme le cross, le polo ou la course.
- BR
- Busse
- Compositi
- Equilibrium
- New Equine Wear
- Weatherbeeta
Mythe : « les bandes soutiennent les tendons »
Étant donné qu’on parle de protections, autant aussi démystifier l’usage des bandes.
Dans l’article précédemment cité de Horse & Hound, les deux auteurs nous disent aussi que :
Le tendon fléchisseur digital superficiel subit une charge maximale de plus d’une tonne pendant l’exercice, et le fait de l’entourer d’un bandage n’a aucune influence.
Ils précisent aussi qu’appliquer des bandes durant le travail ne prévient pas l’engorgement, car celui-ci survient après le travail.
Conclusion : utiliser durant le travail, les bandes n’assurent aucun soutien tendineux et ne réduisent pas non plus le risque d’engorgement.
Conclusion
Afin de limiter le risque de surchauffe et de destruction des fibres tendineuses, la pose de protections doit être raisonné, c’est-à-dire plutôt réservé aux activités à risques et appliqué sur une courte durée.
Déferrer peut aussi être une solution pour diminuer le risque de blessures. D’ailleurs, en ce moment, de nombreux cavaliers de saut d’obstacles défèrent leurs chevaux et certains osent sauter sans protections.
La façon dont est travaillé le cheval entre aussi en ligne de compte : par exemple, un cheval qui avance trop vite avec un mauvais équilibre risque plus facilement de se toucher. Les protections ne devraient donc pas palier un manque de technique.