Ce que les crottins peuvent nous dire sur l’état de santé du cheval

Les crottins nous donnent beaucoup d’informations sur l’état de santé du cheval. Voici les différents critères à observer.

Autour du crottin

Quelques informations générales :

  • en moyenne, un cheval produit 15 kilos de crottins par jour,
  • le temps de défection est en moyenne de 15 secondes,
  • le nombre de déjections diffère suivant l’individu, en fonction de son âge, de son sexe, de son activité physique et de son alimentation,
  • en moyenne les chevaux défèquent 6 à 8 fois par jour, voire le double pour les étalons ou les poulains,
  • la coprophagie n’est pas nécessairement signe d’une carence nutritionnelle, cela peut être dû à de l’ennui ou du stress.

Signes normaux

On reconnait un crottin correct quand les boules sont bien formées, sans aliments entiers.

La couleur est uniforme, en général vert/brun, à savoir que la pulpe de betterave peut donner un aspect plus « acajou » aux crottins et entourer les boules d’un film transparent, et sur des chevaux non habitués, l’huile peut donner un aspect huileux et grisâtre.

Un crottin a peu d’odeur (contrairement aux fèces de carnivores). Une petite quantité de liquide avant et après le crottin est normale chez certains chevaux.

Exemple d'un crottin correct.
Exemple d’un crottin correct.

Les signes anormaux

Des crottins secs qui ressemblent à des crottes de lapin peuvent signifier un manque d’ingestion lié à un manque de fibres ou un problème dentaire. Cela peut aussi être le signe d’un manque d’eau, et dans ce cas il faut agir vite, car le risque d’impaction (colique) est important.

Quand les crottins sont liquides (diarrhée) cela signifie qu’il y a une suractivité fermentaire dans le gros intestin et une accélération du transit.
Une diarrhée a toujours une cause sous-jacente, comme une infection, une inflammation, un cancer, un empoisonnement, un surparasitisme, une mauvaise transition alimentaire, ou encore un traitement médicamenteux (antibiotiques).

Lors de la mise à l’herbe, il arrive fréquemment que le cheval fasse des bouses, celles-ci sont dues à des apports excessifs en protéines. Pour les éviter, il faut faire une transition alimentaire en incorporant l’herbe progressivement, cette transition devra être encore plus longue et progressive si le cheval est resté au box tout l’hiver.

Des crottins liquides et clairs sont le signe d’un excès en céréales, là aussi il faut agir rapidement, car le risque de fourbure ou de colique est important.

Enfin, des crottins d’aspect granuleux peuvent signifier que le cheval mange du sable/terre, ce qui l’expose à un risque de colique (de sable). Pour en être sûr, vous pouvez prendre un peu de crottin que vous plongez dans un bocal en verre rempli d’eau et laissez-le reposer 15min. Si du sable se dépose dans le fond, le test est positif. Illustration du procédé ici.

Il y a d’autres signes à prendre en compte, comme la présence d’aliments entiers qui peuvent indiquer un problème digestif ou dentaire. La présence de parasites vivants (parfois ce ne sont que des petits points rouges) indique un seuil de parasitisme élevé et nécessite un traitement rapide. Une forte odeur voire nauséabonde peut signifier un excès de graisse ou de protéines, des ulcères ou une infection bactérienne.

Un crottin normal a une couleur verte/brune, il faut s’inquiéter quand les crottins sont rouges ou noirs (sauf pour les poulains).
Des crottins rouges indiquent des saignements dans le tractus gastro-intestinal inférieur, s’ils sont noirs, cela indique que les saignements sont localisés plus en amont.

Enfin, la présence de mucus (revêtement filandreux jaune) signifie un passage retardé qui peut être lié à une impaction fécale elle-même pouvant conduire à une colique.

N’oublions pas, que pour maintenir une digestion saine, le cheval doit marcher. Le fait de marcher participe au bon fonctionnement du transit intestinal (le fait de marcher masse en quelque sorte les intestins), ce qui incite le cheval à déféquer régulièrement, ce qui réduit fortement le risque de colique.

Le pré n’est pas toujours un mode d’hébergement suffisant, notamment quand l’espace est trop petit ou que les chevaux sont collés au râtelier à foin, quand c’est le cas, un aménagement de type paddock paradise est une bonne initiative.

Mucus recouvrant du crottin.
Mucus recouvrant du crottin.

Ce qu’il faut aussi regarder

Les crottins constituent un indicateur parmi d’autres, il ne faut pas oublier d’évaluer que l’attitude du cheval (vif, bon appétit), son poil qui doit être brillant, les bruits intestinaux qui doivent être présents dans tout l’abdomen, sa respiration (10 à 14 inspiration et expiration par min), ses pieds (de chaleur normale), son niveau d’hydratation (test du pli de peau), son urine qui doit être de couleur claire à jaune claire, sa température corporelle (37,5 à 38°C) et son rythme cardiaque (30 à 40 bat/min au repos).

Crottins et parasitisme

80 à 90% des parasites se trouvent dans l’environnement du cheval, c’est pourquoi l’environnement est le premier axe de priorité quant à la gestion du parasitisme équin.

Les crottins jouent un grand rôle dans le cycle d’infestation : les parasites internes pondent, les œufs sont excrétés par les crottins, et le cheval s’infeste de nouveau en broutant.

La stratégie est donc de couper le cycle, cela passe entre autres, par le ramassage régulier les crottins et le hersage des pâtures.

Les conditions climatiques extrêmes par temps sec (à partir de +30°C l’été et 0°C l’hiver et à condition que les crottins aient été disloqués) participent également à la réduction du taux de larves.

Crottins et biodiversité

Le crottin est une source d’alimentation et une aire de reproduction pour de nombreuses espèces de la flore et faune sauvages qui chacun à leur tour participent à sa revalorisation complète.
L’ennui c’est que cet écosystème souffre de plus en plus des résidus chimiques contenus dans les crottins, particulièrement ceux issus vermicides.

On constate par exemple, des modifications importantes sur la population des insectes coprophages (bousiers) qui décroît et a plus de mal à se reproduire. Pour cette raison, il est important de limiter le recours à certaines molécules chimiques comme l’ivermectine.