J’ai plusieurs fois évoquée dans mes articles la nécessité de mettre en place avec son cheval un dialogue très fin et subtile.
Je me rends compte que cette finesse est mal appréhendée par de nombreux cavaliers et c’est surement normal tant qu’elle n’a pas été expérimenté.
Elle n’est pas comprise comme une nécessité tout au plus comme un truc en plus !
J’aimerais faire comprendre qu’un cheval qui ne répond pas finement aux jambes ou aux mains de son cavalier est en fait un cheval qui a une résistance liée à une incompréhension, un déséquilibre, un manque d’impulsion, un exercices mal compris ou trop dur…
Comprenez qu’un corps (celui du cheval) qui vous donne à penser qu’il faut l’empoigner, le saucissonner, le tirer, le pousser, l’éperonner, etc… ne peut pas être un corps qui conserve sont intégrité physique et psychique longtemps. Évidemment qu’un cheval ne peut pas être ultra fin tout de suite mais il y a tout de même un certains nombres de choses faciles à mettre en place qui donnent le « premier langage fin » qui permettra ensuite d’aller vers de plus en plus de finesse.
Pour aller au bout de mon idée, si l’on pense que c’est le cheval qui « a besoin » de dureté c’est qu’on imagine qu’un cheval est maso et aime être malmené voir torturé. J’aimerais que chaque cavalier se mette un peu à la place de son cheval. Imaginez seulement un instant que, là, tout de suite, un entraîneur vienne vous dire que vous participez à une course d’athlétisme ou un combat de boxe, là maintenant… et que pour vous obliger à faire ce qu’il veut, il vous tord, vous coince avec des ficelles ou tout simplement à la force de ses bras (auxquels vous ne pouvez échapper), qu’il vous force, vous pousse, malgré que vous soyez en train d’expliquer que vous n’avez pas été entraîné, pas assez souple, pas assez équilibré, musclé, que vous n’êtes pas prêt… que va faire votre corps, votre esprit ? Crispassions, perte de confiance en soi, raideurs, douleurs, panique, incompréhension, blessures, dépression, perte de l’appétit ou boulimie, fuite ou encore pire soumission, résignation et tant d’autres choses terrifiantes…
Et quand bien même vous seriez « prêts » parce que vos qualités physiques sont très au dessus de la moyenne. Vous préféreriez avoir été formé par un coach qui a pris le temps de vous construire un corps qui va vieillir en bonne santé dans votre activité sportive, un mental de guerrier fort et serein, une confiance en vos capacités, qui vous a apporté équilibre, souplesse, autonomie, légèreté, qui vous a expliqué autant de fois qu’il le fallait ? Ou quelqu’un qui vous a soumis par la force, vous a tordu, coincé dans des ficelles, coincé dans ses raideurs psychiques, dans vos raideurs physiques, dans ses croyances, dans son obstination, qui vous a entraîné sans comprendre votre corps, sans l’écouter avec pour seul objectif votre exploitation pour assouvir son désir ?
Comme ça sur le papier presque tout le monde va me dire « ah, oui, tu as raison, on veut tout ça, la finesse, la légèreté…un cheval bien dans son corps » oui, mais … dans votre quotidien, concrètement que faites vous pour vos chevaux, de quelle manière vous engagez vous pour eux et non juste pour votre plaisir ? Il faut en faire un partenaire de jeu seul moyen que les deux parties du couple y trouve son compte.
Alors j’en reviens à mon idée de légèreté, voilà ce qu’il se passe pour la plupart d’entre nous, nous sommes à cheval, un cheval qui sait plus ou moins faire des choses, voire qui ne sait rien faire. Alors on décide seul ou avec un enseignant de faire des exercices pou le former, et là, notre corps devant l’incompréhension du cheval, le manque de perméabilité aux aides se crispe. C’est aussi bête que ça… il se crispe plus ou moins, se fige, se durci, se contracte… et on va quand même continuer à faire faire des « exercices » à notre cheval qui ne comprend pas, si vous êtes contracté votre cheval vit la même chose donc ce ne peut pas être un travail viable. Et je ne parle même pas des déséquilibres du cavaliers qui sont aussi un grand problème pour les chevaux.
Il faut donc comprendre pourquoi il y a contraction et pouvoir les faire disparaitre, c’est la clé !
La crispation use !
Le cheval est comme nous, dissymétrique, si vous ne prenez pas le temps et le soin de travailler là dessus alors les déséquilibres posturaux provoqueront des déséquilibres musculaires importants. Le cheval va donc faire fonctionner sa biomécanique avec ces déséquilibres (les siens, les vôtres), c’est comme votre voiture qui aurait un défaut de parallélisme, une roue voilée, vous pourrez rouler avec mais à la longue elle sera usée plus rapidement qu’une voiture dont le conducteur aura surveillé régulièrement les déséquilibres et les aura corrigé avec régularité au fil des années.
Un exemple : ces dysmétries surchargent, disons, l’épaule droite de votre cheval, cela étirera du poids su le postérieur gauche, si vous laissez les choses ainsi le cheval ne développera pas de force sur son postérieur gauche et usera son antérieur droit (cela peut aller jusqu’à la tendinite par exemple). Il faut l’aider à porter autant avec ses deux postérieurs, droit et gauche (c’est plus complexe et riche que cela en vérité nous sommes su du vivant néanmoins on peut déjà simplifier les choses ainsi) Si vous faites les choses correctement, forcément votre cheval entrera petit à petit dans la légèreté, et donc dans la finesse. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il aura acquis un équilibre autonome grâce à vous.
Le bon chemin pour qu’un cheval soit bien éduqué c’est un cavalier qui sait où il va et ce qu’il souhaite apprendre au cheval. Si vous ne savez pas ou vous allez alors trouvez le moyen d’acquérir ce savoir avec les bonnes personnes et les bons chevaux d’école (hélas très rares). Ensuite vous pourrez apprendre à votre cheval. Vous pourrez mettre en œuvre de la technique mais aussi du sentiment, c’est indispensable… devenez fin vous-mêmes à cheval, mais aussi dans vos relations aux autres, apprenez à écouter, à aimer, sortez des apparences, libérez vous de cela, concentrez vous su les besoins de votre cheval c’est le seul chemin.
Je dis souvent à mes élèves d’essayer de monter avec sentiment mais sans trop d’émotion, il faut réussir à rester factuel afin de pouvoir traiter sereinement les informations que nos chevaux nous donnent et donc de faire les bons choix techniques.
Le but est de faire comprendre, d’apprendre à apprendre à votre cheval et l’éducation d’un être vivant demande de l’amour.
Si le but est de violer votre cheval séance après séance, pour « AVOIR » à tout prix un semblant de mouvement, vous n’aurez qu’un embryon perverti, dont la lumière intérieure, la noblesse aura été détruite pour rentrer dans un cadre minuscule, étriqué, sans vie qui n’est pas à la mesure de ce que mérite nos chevaux.
Les jambes (l’arrondi des mollets) doivent rencontrer les flancs du cheval en imprimant tout juste le poil, pas de talons qui grattent, poussent, tapent.
Votre main doit permettre au cheval de trouver comment s’équilibrer en fonction du cadre qu’elles délimitent, et quand l’équilibre est trouvé alors la cession de mâchoire doit se faire entendre, la fluidité des rênes également.
L’assiette doit rester calme, elle permet de se connecter au dos du cheval pour savoir quels ajustements vous devrez faire. Elle ne doit jamais pousser, son rôle n’est pas d’obtenir le moteur.
Le buste doit rester grandi et autour de la verticale avec de légères variables, parfois un sensible pivot vers la droite ou la gauche mais ça plus grande force est de conserver sa solidité dans le gainage. En aucun cas il ne doit s’agiter comme une feuille au vent et onduler.
Cette perméabilité des chevaux n’est pas une finalité, elle doit être éveillée tout au long de la formation des chevaux mais aussi du cavalier. L’acquisition de bonnes techniques, la capacité à se concentrer sur les sensations que notre corps capte du fonctionnement du cheval sont des clés pour être dans la justesse. Il est également nécessaire de faire régulièrement un état des lieux de notre équitation, pas pour se congratuler ou se descendre en flèche sans arrêt, mais plutôt comme une lecture honnête et bienveillante de ce que l’ont fait, l’objectif est d’améliorer sans cesse nos savoirs faire.
Évidemment la perfection n’existant pas, il faut tenter au mieux de ses possibilités du moment et de celles de votre cheval de coller à cela, c’est la persévérance et le temps qui feront le reste.
La clés de l’équitation est l’équilibre juste au mouvement que l’ont demande sur un moteur adapté, alors, vous, cavaliers apprenez à comprendre, à sentir, à guider, à diriger cette recherche d’équilibre… comme un enfant qu’on guide pour qu’il soit un adulte libre et non un esclave.
Ne croyez pas vous en sortir à bon compte, en ce qui vous concerne… VOUS cavalier… il va falloir travailler sur vous, votre corps (pas à cheval mais dans une activité sportive qui vous apporte souplesse, force, équilibre) et votre esprit, vous allez devoir apprendre à travailler sur vos points faibles, sur votre exigence vis-à-vis de vous-mêmes, sur les raisons qui vous poussent à monter à cheval… il faudra être honnête !
Si vos intentions ne sont pas nobles, mais plutôt la mise en valeur de votre petite personne, le besoin de régler des comptes avec votre vie (un mauvais conjoint, un patron odieux, la peur de ne pas être aimé…), si vous pensez aimer les chevaux ne leur faites pas porter le poids de vos blessures !
Pour finir plus en douceur, imaginez le plaisir que c’est de permettre à l’être aimé de grandir libre, épanoui, beau, joyeux à vos cotés…
Ce qui est magnifique avec les chevaux, c’est que si votre démarche est intègre, alors (même si vous faites des erreurs que vous avez l’honnêteté de réparer) ils vous donneront peut-être plus que vous ne l’imaginez… car en vérité c’est eux qui vont vous faire grandir dans un amour sans faille (il n’en va pas toujours ainsi des humains plus pervertis par leur vie).
Pour toutes ces raisons la finesse n’est pas un luxe, elle est indispensable au développement harmonieux de nos chevaux mais également au notre… alors cherchez, ressentez, respirez, prenez ce temps là, il vous grandira !
Le site d’Isa Danne : isadanne.com