Article mis à jour le 9 février 2025
Ces derniers temps, je me suis beaucoup intéressée au sujet de l’adaptation du mors et du coup, j’ai eu envie de vous faire un petit article qui synthétise un peu mes recherches.
Il s’agira de donner quelques généralités, tendances, préférences, mais attention ce ne sera pas des règles absolues. Tout cela devra être adapté sur le terrain, en fonction du cheval et de son partenaire.
Je ne parlerais ici (presque) que de mors simples et brisés.
Rappel : contrôler les tables dentaires du cheval au moins 1 fois par an (sauf avis contraire).
Les illustrations sont extraits de deux webinaires également intégrés en bas de l’article :
- « About bits and their functions » réalisé par Sprenger
- « No. 93. Hilary Clayton DVM: A Bit about Bits and Bridles » réalisé par SURE FOOT Equine Stability Program
Les observables de base
Du coté cheval :
- la forme du palais : plat ou concave, large ou étroit,
- la forme des barres : normales ou pointues,
- l’épaisseur de la langue : normale ou épaisse,
- des marques de blessures,
- le comportement : réticence à prendre le mors, comportements de défense, etc.
Du côté cavalier :
- le niveau : fixité des mains, dextérité, symétrie…
- les positions de mains : hautes, basses, les deux ?
- les disciplines pratiquées.
Droit, simple ou double brisure ?
La brisure va influer sur la stabilité du mors et la transmission d’information.
Plus il y a de brisures, plus il y aura d’informations. Un mors simple brisure est donc de facto plus stable qu’un mors double brisure, mais l’un n’est pas préférable à l’autre, c’est seulement une question de préférence.
Choisir un mors simple brisure, l’importance de la symétrie
Si le choix se porte sur un mors simple brisure, il faut choisir un mors avec des canons de même longueur. Il en existe très peu sur le marché, le seul que je connaisse est le modèle Turnado de chez Sprenger.

Taille et forme d’une double brisure
Selon les relevés de Sprenger la distance entre les deux barres de la mandibule inférieure est en moyenne de 3,5 cm. Or la plupart des brisures doubles du commerce sont font 4 cm et sont souvent aussi très volumineuse.
Les œillets des canons risquent alors de se positionner juste au dessus des barres. Et malgré la langue qui fait office de protection, il est possible que le cheval ressente de l’inconfort. Une double brisure inadaptée peut aussi pincer la langue.
L’autre zone sensible du cheval, c’est le palais.
Les brisures trop épaisses peuvent être désagréables parce qu’elles appuient sur le palais.
L’angle et le diamètre des œillets peuvent être également être problématiques, car eux aussi, viennent en contact avec le palais.




La forme des canons
Techniquement, la bouche du cheval n’a pas de place pour accueillir une embouchure, d’où l’importance de choisir des canons bien dessinés.
Des canons cintrés laissent plus de place à la langue et lui permettent donc de mieux fonctionner.
Enfin, les mors épais ne sont pas plus « doux » et les mors « fins » ne sont pas plus durs. C’est une fausse croyance qu’il faut abolir.
La courbure des canons peut parfois obliger à choisir une taille plus grande que la taille habituelle (même si la taille d’un mors peut aussi dépendre de la marque).


Le choix des anneaux
Globalement les différences se ressentent au niveau stabilité et temps d’action.
Les anneaux libres sont mobiles permettant au cheval de s’extraire plus facilement d’une situation trop contraignante. La transmission des informations est moins directe.
Les anneaux fixes apportent plus de stabilité et d’encadrement latéral, mais leur action est plus directe.
Les mors fixes doivent coller aux commissures (sans les comprimer) tandis que les mors libres doivent laisser un petit espace libre d’environ 0,5 cm entre l’anneau et la commissure.
On peut donc choisir une taille en dessous si on choisit des d’anneaux fixes ou inversement (une taille au dessus), si l’on souhaite des anneaux libres.
Le matériau
Sur le marché, on trouve principalement de l’inox, des alliages en cuivre, du fer doux et du titane.
L’inox :
- bon marché,
- facile d’entretien, durable dans le temps,
- monte lentement en température,
- goût assez neutre,
- difficile de trouver de « bons » modèles.
Les alliages en cuivre (Cyprium, Salox, Sensogan)
- onéreux,
- tiennent bien dans le temps (si bien entretenus),
- montent assez vite en température,
- goût modéré.
Le fer doux :
- moyennement onéreux,
- l’oxydation rend le mors moins lisse voire rugueux,
- goût assez prononcé.
Le titane :
- onéreux,
- goût assez neutre,
- on dit qu’il est doux au toucher, je trouve plutôt que c’est assez rugueux,
- le titane est léger, mais un mors en titane n’est pas forcément un mors plus léger (par exemple si la structure du mors est un Verdun en acier plein).
Il existe d’autres matériaux comme la résine, le caoutchouc, le cuir…, mais ce sont des matériaux imparfaits et pas forcément sûrs (matériaux irritants, abrasifs, risque d’ingestion, de casse, etc.).
Quelques infos sur les marques et modèles du marché
BR : sur les modèles en cuivre, les brisures mesurent 3 cm.
Le point fort de la marque est de proposer un très large choix de modèles pas trop mal dessinés et à prix abordables.
Et pour ceux qui cherchent des petites tailles, le choix est là et c’est vraiment chouette.
Neue Schule : les brisures mesurent 3 cm.
La marque propose différents dessins : du classique au plus sophistiqué comme le Verbinden ou les mors Turtle.
La brisure « Turtle » est une sorte de capsule qui protège le palais. Ce type de brisure est également autobloquante : on ne peut pas pousser le mors vers le haut. Cette brisure est conçue pour les cavaliers qui montent avec les mains basses, pour ceux qui peuvent monter mains hautes, elle n’est pas optimale.
Sprenger : les brisures mesurent 2,5 cm.
La marque a développé une forme de canons qui permet à la brisure de se positionner à 45° sur la langue. Cela évite que les œillets ne viennent en contact direct avec le palais.
Si vous cherchez de petites doubles brisures classiques : Neue Schule, Sprenger
Si vous cherchez des modèles simples brisures symétriques : Bombers, Neue Schule, Sprenger, Trust
Si vous cherchez des mors courbes/arqués en cuivre : BR, Neue Schule, Stübben.
Si vous cherchez des mors courbes/arqués en inox : Myler
Si vous cherchez des mors courbes/arqués en fer doux ou titane : Bombers
Si vous cherchez des canons fins : BR, Neue Schule
Si vous cherchez des canons épais mais cintrés : Neue Schule, Sprenger, Trust
Si vous cherchez des modèles peu classiques : Bombers, Neue Schule, Sprenger
Si vous cherchez des modèles autobloquants : Bombers, Myler, Neue Schule, Sprenger, Stübben, Trust
Si vous cherchez des petites tailles : BR, Bombers, Neue Schule, Sprenger, Trust
Pour les petits budgets : BR et seconde main
Je ne mentionne pas une certaine marque suédoise (connue notamment pour ses mors en titane) suite à une mauvaise expérience : les mors sont dissymétriques, un défaut de fabrication grave que la marque a pris avec beaucoup (beaucouuuup) de légèreté… J’ai constaté ce défaut sur plusieurs de leurs modèles (visible sur leurs vidéos d’ailleurs), donc je ne la citerai pas ici.
Le réglage du mors
Un mors réglé trop haut peut heurter les prémolaires et augmente la pression sur la nuque tandis qu’un mors réglé trop bas peut heurter les crochets ou tout simplement être source d’agacement pour le cheval.
Il est donc important de placer le mors correctement, quitte à faire un trou de plus dans le montant du filet.
L’hygiène du mors
Il y a quelque chose d’important à dire et à redire : laver son mors après chaque utilisation doit faire partie de la routine de soins.
Pour une question d’hygiène, mais également de confort : les saletés séchées deviennent rugueuses voire sources de petites blessures et peuvent aussi abîmer l’alliage.
Et les ennasures ?
Et ce que le problématique « adaptation du mors » peut être résolue en choisissant une ennasure ? Pas vraiment.
En pratique, les ennasures appliquent plus de pression sur le nez et la nuque qu’une muserolle serrée (voir graphique ci-dessous).
Quand on utilise une embouchure, le cheval peut ajuster la pression avec sa langue. Quand on utilise une ennasure, le cheval ne peut pas déplacer la pression puisque l’ennasure repose directement sur l’os. Il pourra éventuellement secouer la tête.
Le choix de l’un ou de l’autre est surtout de l’ordre personnel, mais sur le plan éthique, ce n’est pas forcément une solution parfaite.

Pour aller plus loin
Pour toutes les autres questions qui n’ont pas été abordées ici, je vous conseille fortement le blog de Laetitia Ruzzene qui est juste une pépite en termes d’informations et qui fait la peau aux mythes et idées reçues autour des mors. Et puis, pour une fois que nous avons la chance que ce soit en français… 😉
