Article mis à jour le 20 novembre 2022
Après la quête du mors, place à celle du bridon !
Et pfiou… ce n’est pas simple du tout comme question !
Petit rappel avant de commencer : la tête comporte de nombreux petits muscles, nerfs, vaisseaux sanguins et fascias, en plus d’être le centre des 5 sens principaux. C’est donc une zone sensible, complexe et fragile sur laquelle on ne peut (théoriquement) pas mettre n’importe quoi et n’importe comment.
Quand on choisi un bridon, que faut-il privilégier, que faut-il éviter et pourquoi ?
Cet article est une synthèse de (longues) recherches, mais je ne suis pas professionnelle. En cas de doute ou question, n’hésitez donc pas à en consulter une. 😉
Le bridle fitting : objectifs, moyens et obstacles
Le bridle fitting consiste à trouver un bridon adapté à la forme de la tête du cheval qui respecte les objectifs et les règles de la discipline pratiquée.
Pour cela le bridle fitter a plusieurs solutions :
- ajuster les réglages du bridon,
- ajouter des petits pads correcteurs,
- changer une ou plusieurs pièces.
Pressions et symétrie
Les zones de sur-pressions sur un bridon :
- derrière et devant la têtière, sous la base des oreilles,
- sous le frontal,
- autour l’articulation temporo-mandibulaire (ATM) et de l’appareil hyoïde,
- devant, sur les côtés et derrière la muserolle.
La symétrie
On ne se rend pas forcément compte, mais de nombreuses pièces de nos bridons peuvent être asymétriques. Or, quand on cherche à répartir uniformément les pressions afin d’améliorer le confort du cheval, on ne veut pas avoir un point de sur-pression à droite et rien à gauche.
L’objectif est donc de choisir un modèle de bridon symétrique et on reviendra sur cette question dans l’article.
Exemple de pièce non symétrique :
Exemple de pièces symétriques :
Comment choisir un bridon ?
Il y a deux possibilités : soit acheter un bridon complet (tout-fait), soit le faire-faire par un(e) artisan(e), soit le composer avec des pièces détachées. On peut acheter un bridon complet et le modifier avec des pièces détachées.
On trouve des pièces détachées chez :
- BR,
- Bridle2Fit,
- Claridge House,
- Collegiate,
- Dyon,
- Devoucoux,
- Equiline,
- Eric Thomas,
- Fairfax,
- Kalvalkade,
- Krämer,
- Passier,
- Schockemöhle,
- SD Design,
- Silver Crown,
…
La têtière
La têtière est la pièce centrale du bridon. C’est une pièce à choisir avec précautions, car elle est contact avec une partie sensible du cheval : ses oreilles. Les oreilles comprennent de nombreux petits muscles à leur base qui permet au cheval de les bouger dans toutes les directions. Quelque soit la têtière choisie, celle-ci ne doit donc pas écraser la base des oreilles et c’est vraiment la règle fondamentale quand on choisie une têtière.
Quelques infos générales sur les têtières :
- une têtière dite « anatomique » ne sera anatomique que si elle convient au cheval sur lequel elle est posée,
- les têtières larges ne vont pas forcément aux encolures rondes (frison, étalon, cresty neck…), pour ces chevaux, il faut parfois mieux un modèle plus fin et droit,
- la têtière déportée n’est pas une têtière idéale, car la première cervicale n’est pas l’emplacement idéale pour « accueillir » une pression,
- les têtières à pont peuvent générer encore plus de pression au niveau de l’articulation temporo-mendibulaire (ATM), en termes d’ergonomie, ce n’est donc pas forcément des muserolles de premier choix,
- si la têtière comporte une lanière, il faut que celle-ci passe au-dessus de la têtière. Une lanière qui passe en dessous génère une sur-pression, un peu comme un fil à couper le beurre,
- la partie dure de la têtière ne doit pas être trop fine, même s’il y a un pad souple tout autour, car c’est sur la partie solide où la pression va se concentrer.
Quelques innovations intéressantes
Après avoir étudié la pression engendrée par la têtière, FairFax a essayé de trouver une solution pour la rendre plus confortable. La marque anglaise a en conséquence développé des bridons munis de petits pads qui permettent de décompresser cette zone de pression.
Passier a également développé un bridon (nommé Fortuna) qui dispose d’un élastique au niveau du frontal. Cela permet de soulager cette même zone de pression et laisser un maximum de mobilité aux oreilles.
La muserolle
La deuxième pièce centrale du bridon, c’est la muserolle.
Il y a un peu près quatre choses à savoir sur la muserolle :
- elle sert à empêcher le cheval d’ouvrir trop grand la bouche,
- elle ne doit pas être serrée,
- elle aide à la stabilité du bridon et à diminuer un peu la pression sur la nuque,
- elle n’est pas obligatoire.
Une muserolle trop serrée :
- augmente le stress,
- empêche le cheval de se décontracter,
- empêche le cheval de déglutir correctement,
- augmente la pression sur la nuque et le nez (dans les pires cas, on voit apparaitre poils blancs et/ou suros),
- augmente le risque de blessures (langue, joue…).
Comme sur le marché des têtières anatomiques, de nombreuses muserolles développées sur le marché sont larges et épaisses.
Or avec un ajustement raisonné de la muserolle, il n’est pas nécessaire de choisir de grosses muserolles rembourrées.
Quel modèle choisir ?
Une muserolle devrait être symétrique, confortable et toujours bien réglée.
Concernant la symétrie, il faudrait toujours choisir une muserolle à double montants, comme sur la photo ci-dessous.
Concernant le modèle, les professionnels conseillent en général soit une muserolle française (ou muserolle anglaise comme l’appelle les Anglais), soit une muserolle pull-back (que l’on nomme « crank noseband » en anglais). Les muserolles allemandes sont plutôt déconseillées.
La pull-back a l’avantage d’être parfaitement symétrique, mais attention à la régler correctement, en conservant bien l’ajustement de deux doigts.
La muserolle française est une muserolle assez douce mais qui peut avoir l’inconvénient d’être asymétrique. En effet, la boucle (et toutes les boucles en général) est une zone de sur-pression et le fait qu’elle repose plus ou moins sur le côté de la mâchoire peut générer de l’inconfort. On trouve néanmoins des muserolles françaises dotées d’un petit pad coulissant (chez Kieffer notamment) afin de mieux centrer la boucle et répartir la pression.
Que pensez des muserolles anatomiques ?
Concernant les muserolles dites anatomiques, les données scientifiques restent encore maigres pour déterminer la pertinence de ces design. Gardons en tête que la principale cause des sur-pressions est un matériel trop serré et que l’on peut régler bon nombre de problèmes en relâchant juste un peu de lest sur les réglages.
Le frontal
Le frontal empêche le bridon de reculer et apporte un peu de stabilité. Mais s’il est trop petit, il peut tirer la têtière en avant, ce qui a pour effet d’écraser la base des oreilles. A savoir que les frontaux vendus sur les bridons complets sont souvent trop petits et qu’il n’est pas rare de devoir choisir une taille Xfull pour un cheval et du cheval pour un cob.
Les frontaux en forme de vague est certainement la forme qui convient le mieux à la tête des chevaux.
La sous-gorge
La sous-gorge permet d’éviter que le cheval ne retire trop facilement son bridon, s’il se gratte à un arbre par exemple ou s’il secoue la tête.
Contrairement à ce qui est souvent dit, en cas de chute, si le (la) cavalier(ère) s’accroche aux rênes, la sous-gorge n’empêchera pas le bridon de basculer. En balade/randonnée, il est aussi préférable d’utiliser le licol pour diriger son cheval en main, pour éviter aussi ce type d’incident.
Des alternatives sans cuir : le liège
J’ai présenté des pièces en cuir dans cet article, parce qu’il est plus facile de le découper et de le façonner, mais quelques alternatives sans cuir existent.
Il y a notamment le magnifique bridon Cortiga de chez Kavalkade en total liège. Dans la même gamme (en liège), on trouve aussi des rênes et un frontal sans strass.
Des alternatives sans cuir : le biothane
Si vous appréciez le biothane, voici quelques adresses :
Le biothane a l’avantage d’être solide et facile à entretenir. Le seul défaut de tous ces bridons est leur frontal droit, mais peut-être que certains artisans peuvent confectionner une autre forme ?
Prochaine étape : savoir correctement régler son bridon
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