Prévenir les dorsalgies chez le cheval

Les dorsalgies

Le cheval possède 7 vertèbres cervicales, 18 vertèbres thoraciques (ou dorsales), 6 vertèbres lombaires, 5 vertèbres sacrées (ou sacrales), 15 à 18 vertèbres caudales (ou coccygienne).

Les vertèbres du cheval sont composés de pointes, ce que l’on appelle le processus épineux. Les vertèbres sont maintenues et connectées entre-elles via différents muscles et ligaments.

On peut rencontrer plusieurs types de dorsalgie :

  • le conflit de processus épineux (CPE ou kissing spines en anglais), c’est la première cause de dorsalgie chez le cheval,
    Dans une conformation normale, les vertèbres sont suffisamment espacées entre elle, mais dans le cas d’un CPE l’une d’entre elles (ou plusieurs) va chevaucher ou toucher une autre vertèbre. Le CPE peut être localisé à plusieurs endroits, mais on le rencontre le plus souvent entre T13 et T18. T15 semble la vertèbre la plus touchée.
  • des lésions du ligament supra-épineux,
  • des arthropathies synoviales intervertébrales (ASIV),
  • des douleurs musculaires (ou myalgies),
  • une malformation type cyphose (dos carpé) ou lordose (dos ensellé).

Symptômes

Tous les chevaux touchés ne montrent pas de signes, ce qui rend parfois le diagnostic difficile, parmi les plus fréquents il y a :

  • les signaux négatifs au pansage et/ou sanglage,
  • le dos qui s’abaisse quand on pose la selle,
  • le fait de ne pas tenir l’immobilité au montoir,
  • les signes de rétivité au travail,
  • le manque de maintien du galop,
  • la difficulté à reculer,
  • la boiterie,
  • la difficulté de se coucher,
  • une ligne de dos démusclée, faible.

Diagnostic

Le diagnostic est le plus souvent réalisé par radiographie ou échographie.

Causes

Les causes d’un mal de dos peuvent être :

Traitements

Les traitements peuvent impliquer des injections de corticoïdes, de la mésothérapie, des ondes de choc, de la chirurgie.

Les différents axes de prévention

La conformation et la génétique
La conformation du cheval est une variable importante, qu’il faut corréler avec les choix sportifs envisagés. Autrement dit, il vaut mieux éviter de solliciter un corps qui n’est pas prêt ou adapté pour le travail demandé, car le risque de blessure augmente.

Sur le plan génétique, il a été récemment prouvé que le CPE peut être héréditaire, il serait donc raisonnable dans un avenir proche, que les chevaux touchés soient écartés de la reproduction.

Le matériel
Une bonne selle permet de protéger la colonne vertébrale. Celle-ci doit être adaptée et régulièrement contrôlée.

Le choix du tapis est également important, car beaucoup de tapis ne dégagent pas le rachis et créent un point d’appui juste en arrière de la selle.
Pour savoir comment reconnaître un tapis bien coupé et en choisir un, je vous renvoie à mon article sur le sujet.

Le choix du mors et l’ajustement de la briderie peut également être évoqué.
Le mors doit être adapté à la bouche du cheval et le bridon doit être correctement ajusté : muserolle suffisamment lâche, pas de boucles sur l’ATM, frontal à la bonne taille, etc.

Quand il fait froid et humide, protéger le dos avec une couverture adaptée évite que le dos ne se raidisse.
On peut aussi poser une couverture en laine pendant les soins afin de commencer l’échauffement musculaire.

Les soins
De nombreux chevaux développent des dorsalgies à cause d’une mauvaise gestion de leurs pieds.
Quelque soit la technique (ferrure ou pied nu), il faut que le pied ait le bon équilibre, quitte à faire quelques radios pour vérifier cela de l’intérieur.

Un autre soin important est celui des dents. Des douleurs dentaires ou de mauvais alignements peuvent à l’origine de dorsalgies, il est donc essentiel de les contrôler une fois par an.

Le mode d’hébergement
Le mouvement permet de réduire le risque de dorsalgies parce qu’il entretient les tissus et évite qu’ils ne se raidissent trop.

Le lieu d’hébergement doit offrir la possibilité au cheval de pouvoir changer de posture facilement, de manger la tête en bas et de marcher un maximum.

L’alimentation
Pour construire un dos solide, le cheval a besoin de trouver ce qu’il faut pour correctement nourrir ses muscles, ses tendons, ses ligaments et ses tissus.
Il faut donc que la ration ait une bonne couverture en protéines et acides aminés.

La posture du cavalier
Une bonne posture évite les pics de pression et évite de déséquilibrer le cheval. Pour cela, il vaut mieux opter pour une posture gainée, symétrique et verticalisée en faisant fonctionner ses cuisses-fessiers-abdos.

L’équitation
Le magazine Horse & People a rédigé un excellent article « Comment éviter le conflit supra-épineux : leçons des anciens maîtres » rédigé par le Dr Sabina Holle.

Voici un extrait traduit :

Dans l’entraînement du cheval de selle, il est important que ce mécanisme passif soit soutenu et renforcé pour contrecarrer les forces descendantes des organes suspendus dans la cavité abdominale et le poids du cavalier.

Pour y parvenir, le cheval doit apprendre à activer deux grandes chaînes musculaires. La chaîne musculaire ventrale est constituée de la musculature abdominale, y compris le groupe des psoas, et des muscles fléchisseurs qui courent le long de la face inférieure de l’encolure (muscles omohyoïdien et sternohyoïdien), ainsi que du fascia sous-cutané qui leur est associé sur l’épaule et du tensor facia latae dans la région du grasset. Cette chaîne musculaire doit être activée.

La chaîne musculaire dorsale est formée par les extenseurs de l’encolure et du dos, y compris les muscles transversaires-épineux et le muscle brachio-céphalique sur la face inférieure de l’encolure. Il est intéressant de noter que la connexion fonctionnelle et anatomique de ces deux chaînes musculaires se situe dans la zone de l’os hyoïde (qui fait partie de la base de la langue du cheval).

Il est important de le comprendre car ce n’est que lorsque la base de la langue (c’est-à-dire l’hyoïde) est détendue et qu’elle  » mâche  » que le cheval est capable de relâcher sa mâchoire et sa nuque, coordonnant ainsi la tension et la relaxation de soutien le long des chaînes musculaires ventrale et dorsale.

Obtenir et maintenir cette réaction au mors est l’une des pierres angulaires de l’équitation classiquement correcte.

SOURCE : Horse & People

On en revient souvent à la même conclusion : choisir un entraînement adapté qui met le cheval dans une posture optimale réduisant ainsi le risque de dorsalgies.

Par posture optimal, on entend, un cheval :

  • qui évolue dans un équilibre horizontal voire vertical,
  • qui est symétrique,
  • qui a une ligne du dessous et du dessus tonique,
  • qui est décontracté (mâchoires mobiles, queue relâchée, expressions faciales sereines).

La seule équitation qui permet à la fois d’activer ces deux chaines musculaires et d’obtenir (en réponse) la décontraction de la mâchoire (et donc la mobilité de la langue de l’hyoïde), c’est l’équitation classique.