Article mis à jour le 26 juin 2024
On se pose souvent la question : les ulcères peuvent-ils se guérir seuls ? On estime que moins de 10% des lésions guérissent sans traitement, il y a donc de faibles chances pour qu’un cheval atteint guérisse sans aide.
Les médicaments et les anti-acides
Le médicament le plus utilisé pour soigner des ulcères gastriques est l’oméprazole qui peut être associée au sucralfate. La durée du traitement dépendra également des lésions constatés, mais les lésions glandulaires seront généralement plus longues à traiter.
En plus de l’oméprazole, il existe également d’autres formes anti-acides qui sont dérivées du calcium, magnésium ou aluminium. Certaines ressources naturelles sont d’ailleurs souvent utilisées pour leur effet anti-acide lié à leur teneur élevée en calcium, comme le lithothamne.
Cependant, on relève différents inconvénients liés à l’utilisation d’anti-acides, notamment l’effet de rebond provoqué à l’arrêt du traitement. En effet, l’arrêt de la prise d’anti-acide va souvent entraîner un rebond de production d’acide, ce qui peut alors entraîner de nouvelles lésions. Pour cette raison, les protocoles prévoient un arrêt progressif des anti-acides.
L’oméprazole a également d’autres inconvénients comme le fait de réduire l’assimilation des protéines, des graisses, du calcium, du fer et de la vitamine B12.
Dans une étude récente, les résultats tendent indiqueraient que l’oméprazole ne serait pas le traitement le plus efficace pour les ulcères glandulaires et qu’elle serait même susceptible de créer des lésions dans cette zone. En effet, certains chevaux ont développé des lésions glandulaires durant le traitement à l’oméprazole.
Conclusion : les anti-acides sont efficaces pour guérir les lésions gastriques, cependant ils ne sont pas conseillés à long-terme et leur arrêt devra être progressif afin d’éviter un effet de rebond.
Les produits avec preuve scientifique (études indépendantes)
| Ingrédients | Produit | Type d’ulcères gastriques guéris | Études |
| Pectine + lécithine
Dose : 250g-300g/cheval Durée : entre 14 et 30 jours |
Pronutrin Egusin Ou 125 ml de lécithine et deux cuillères à soupe de pectine, à distribuer en une ou deux fois (dose recommandée par la nutritionniste Dr Juliet Getty). |
Squameux et glandulaires | Treatment of gastric lesions in horses with pectin-lecithin complex
Treatment of gastric ulceration in 10 standardbred racehorses with a pectin-lecithin complex Influence of feeding Pronutrin® to horses with ulcerative gastritis |
| Polysaccharides + acide hyaluronique | Relyne GI | Squameux et glandulaires | Polysaccharide Treatment Reduces Gastric Ulceration in Active Horses |
La réglisse pourrait également être une future voie de recherches. La seule étude menée sur des ânes a montré que la réglisse réduisait les lésions glandulaires. Durant cette étude, les ânes ont reçu du phénylbutazone, un anti-inflammatoire connu pour causer des lésions glandulaires.
Source : Prophylactic effects of Glycyrrhiza glabra root extract on phenylbutazone-induced Equine Glandular Gastric Disease (EGGD)
Une autre étude a été étudiée les effets du curcuma et de l’harpagophytum. Après 28 jours de traitements, les lésions étaient réduites, mais il faudrait plus d’études pour évaluer l’efficacité. Cela démontre cependant que ces ingrédients ne semblent pas nocifs pour l’estomac.
Source : Effects of supplements containing turmeric and devil’s claw on equine gastric ulcer scores and gastric juice pH
Ces ingrédients qui n’ont pas fait leur preuve
On propose souvent l’aloé véra, il est difficile d’établir une efficacité prouvée car les études se contredisent. Il semble que ses effets soient limités et aléatoires suivant le dosage, la forme et le protocole choisit.
L’huile de maïs est parfois citée dans les traitements possibles, mais la seule étude menée a été réalisée sur 4 poneys et sans gastroscopie. Autrement dit, le protocole est beaucoup trop léger pour obtenir une information fiable.
Comment choisir un complément ?
Ces compléments ne sont pas des traitements curatifs, mais ils peuvent être utilisés comme relais après un traitement à l’oméprazole ou être utilisés pour éviter une récidive.
Cependant, il faut bien noter :
- que très peu compléments ont fait l’objet d’une étude randomisée et certaines sont menées par la marque elle-même, retenez que la majorité n’avance aucune preuve scientifique quant à leur efficacité,
- la majorité de ces compléments ont des effets anti-acides, comme expliqué précédemment, il est préférable de faire un arrêt progressif afin d’éviter un effet de rebond,
- le rapport qualité/prix de certains compléments est à discuter. Par exemple certains vantent un complexe de pectine-lécithine, or en comparaison avec l’étude menée sur ce complexe on est très loin des 250-300g recommandé.
Éviter la récidive
Distribuer du fourrage en quantité et sur une longue durée
Un cheval mange en moyenne 16 heures par jour, mais pas de manière continue, alors attention aux nuits passées sans foin.
Pour prolonger la mastication, optez pour les systèmes de slow feeding comme le filet à foin (de préférence sans noeuds).
De l’eau à volonté
Un manque d’eau peut être une source d’ulcères gastriques. Il est donc important que le cheval ait toujours accès à une eau propre, même lorsqu’il sort en paddock.
Baisser le sucre et l’amidon
En cas d’ulcères gastriques il est recommandé de contrôler les taux de sucres et d’amidon de la ration. Pour cela, l’idéal est d’évaluer la ration avec un(e) nutritionniste.
Distribuer du fourrage ou un aliment fibreux avant le travail
Remplir l’estomac avant le travail évite les projections d’acide.
Remplir l’estomac avant un transport
Remplir l’estomac est une bonne habitude à mettre en place avant le travail, mais aussi avant le transport. Bien sûr, il faudra prévoir un filet de foin durant le transport.
Un complément gastrique peut aussi aider pour diminuer les risques du stress.
Plus de routine, moins de stress
En parlant de stress, c’est justement l’un des principaux facteurs d’ulcères gastriques. Il est donc important que les chevaux en subissent le moins possible, notamment en créant une routine, dans les soins, le travail et les soigneurs/cavaliers qui sont en contact avec le cheval.
