Je m’attaque à un sujet un peu difficile, mais j’aimerais quand même en parler, car il m’arrive souvent de tomber sur des interprétions erronés sur le sujet : comment peut-on choisir un concentré, CMV ou complément pour son cheval ? Quelles sont les erreurs fréquentes et plutôt à éviter ?
Je ne suis pas professionnelle, mais je réalise beaucoup d’analyses de produits (CMV, concentrés et compléments) dans un grand tableau Excel, décrypter les étiquettes c’est un peu un passe-temps et donc à force, je commence à avoir un petit aperçu.
Les erreurs fréquentes
Quand on choisi un aliment ou un complément, on fait parfois certaines erreurs et je pense que les plus communes sont :
- comparer deux produits similaires parce qu’on pense que c’est pareil,
- se baser sur les avis/retours d’expérience,
- se référer à un(e) influenceur(ce),
- se baser sur la réputation de la marque,
- et en tout dernier lieu, se baser sur le prix.
Le problème c’est qu’on ne peut pas choisir un produit de cette manière, c’est le risque de choisir un produit inadapté, médiocre ou simplement trop cher.
Comparer deux produits similaires parce qu’on pense que c’est pareil
L’exemple que je vois le plus fréquemment en ce moment c’est la comparaison CMV et un autre CMV qui n’est, en fait, pas un CMV, mais un balancer.
Un balancer c’est quoi ? C’est un complément en vitamines, minéraux ET acides aminés (le CMV ne contenant que des vitamines et minéraux). A ma connaissance, il n’existe pas d’équivalent français à « balancer ». D’ailleurs, les nutritionnistes français utilisent le terme « CMV » pour ce qui est en fait un balancer et le nouveau terme « AMV » n’inclue toujours pas cette source d’acides aminés. Personnellement, je pense que c’est une erreur (oui j’ose le dire) et que cela entraine des erreurs d’analyse et de compréhension.
Du coup, comme on pense qu’il s’agit de produits identiques, on arrive à des conclusions de type :
- « le CMV de machin X, c’est cher »,
- « les CMV de machin X sont plus complets »,
- « le CMV de machin Y, c’est nul, depuis que j’ai le CMV machin X, je vois la différence ».
Sauf que dans l’histoire le CMV de machin X est un balancer, donc cela change quelques paramètres dont les effets et le prix (un balancer étant plus cher qu’un CMV).
Si on veut le comparer, on peut le faire sur leur base propre, c’est-à-dire, les vitamines et minéraux (apports, ratios et formes). Et il faudra corréler tout cela à la ration du cheval pour ensuite choisir quel sera le plus adapté ou qui serait le plus adapté une fois corrigé (parce qu’on peut corriger des choses en nutrition).
En d’autres termes, il faut faire attention comparer le comparable.
Se baser sur les avis/retours d’expérience
Le problème avec les avis, c’est qu’ils sont pour la majorité, issus d’une lecture superficielle de l’étiquette,
Et si le produit vise à corriger la ration du cheval, alors il est possible que produit X convienne au cheval A mais pas au cheval B. Pour le déterminer, il faut forcément sortir la calculette et non pas se baser sur un avis.
En bref, se baser sur les avis, c’est une approche risquée !
Se référer à un(e) influenceur(ce)
Je pourrais aussi mettre cette partie dans celle sur les avis, mais je pense que le marketing d’influence, c’est plus que des avis sur internet.
Le marketing d’influence consiste à rémunérer des personnes dite « influentes » pour qu’elles parlent en bien du produit (ou gamme de produits) de la marque pour lesquelles ils sont rémunérées. Ces personnes sont en général des grand(e)s cavalier(ère)s ou des créateur(rice)s de contenus.
Ces personnes sont donc payées par les marques. Dans ce contexte, elles ne peuvent pas vous délivrer un avis objectif et neutre (quoi qu’elles en disent) parce que l’argent ou les cadeaux reçus ne leur permettent pas de critiquer de manière négative le produit, c’est même un risque de perdre de futurs contrats.
Le marketing d’influence, c’est de la publicité 3.0, une publicités intrusive et bien affutée, donc faites attention au « croyez-moi, c’est bon pour vous ». Vérifiez-le. 😉
Se baser sur la réputation de la marque
Pour avoir analysé des centaines de produits, j’ose dire qu’il y a beaucoup de marques qui font « n’importe quoi », même parmi les grands noms, donc se baser sur la réputation de la marque pour faire ses choix, mouais… non.
Ce que j’entends par « n’importe quoi » ça peut être…
Limiter ce qui coute cher (protéines, formes chélatées d’oligoéléments…), du coup le produit a une composition médiocre et devient presque trop cher pour ce que c’est.
Formuler des compositions contenant peu d’ingrédients actifs : par exemple dans une étude sur les ulcères gastriques, un mélange de 200-300g de pectine-lécithine a permis de réduire les lésions. L’industriel s’en inspire, mais ne propose que 10g de ce mélange. Peut-on en espérer quelque chose ? Je pense que non.
Remplacer le vide par du sucre (dextrose) ce qui permet de faire croire qu’il y a beaucoup de produit.

Vendre des produits thérapeutiques sans preuves scientifiques : si je reprends le thème des ulcères gastriques, vous verrez que c’est légion. Plein de marques se targuent d’améliorer l’état de vos chevaux et quasiment aucune d’entre elles n’avancent de preuves.
Vendre à prix d’or des ingrédients simples que l’on peut trouver 3 fois moins chers comme par exemple le magnésium, le MSM, les plantes…
Je pourrais aussi évoquer le manque d’éthique pour nourrir le profit, comme par exemple faire le choix de soja OGM, première source mondiale de déforestation.
Se baser sur le prix
Le prix est souvent un élément déterminant dans le choix d’un produit, mais si on veut comparer des produits, il faut aussi le faire correctement.
Par exemple, si vous hésitez entre deux concentrés « élevage » et que finalement, vous choisissez le moins cher parce que ça reste un aliment étiqueté « élevage », vous risquez surtout de vous retrouvez avec des OGM, moins de protéines, moins d’oligoéléments et moins de biodisponibilité. Votre poulain ne recevra donc pas l’alimentation la plus qualitative qu’il soit.
Le rapport qualité-prix d’un produit ne peut pas être basé sur un sentiment, pour s’assurer de payer le prix juste, il faut ouvrir son fichier Excel.
Quelle solution ?
Il n’y a pas 36 solutions possibles, soit se former, soit consulter un bon(ne) professionnel(le) !
Personnellement, c’est parce que j’ai été confrontée à des problèmes de santé (et liés à l’alimentation) avec ma première jument que j’ai décidé de me former. Je ne voulais plus subir mais agir, d’autant que les vétérinaires à l’époque, ne me donnaient aucun conseil.
J’ai commencé par lire… beaucoup, en anglais et en français. D’ailleurs, les auteurs anglophones ont une approche plus claire et pédagogique, ils démystifient énormément le sujet, c’est un bonne base pour commencer. Puis, j’ai ensuite ouvert Excel et j’ai commencé mon copier/coller d’étiquettes. Cette vue générale m’a notamment permis de comprendre comment sont formulés les aliments/compléments et de vérifier les on-dits.
Il est certain que cela m’a pris énormément de temps (et je n’ai pas fini d’apprendre) mais cela m’a rendu plus autonome pour gérer l’alimentation de mon poney et surtout, je comprends enfin un sujet qui me paraissait obscure et élitiste : la nutrition.
